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Essai ethnologique : Le Patron

PdgPourquoi celui-ci est-il LE patron, LE numéro un (d’entreprise, de parti politique, d’administration, d’organisation, de compétition sportive…) et pas celui-là ? Qu’est-ce qui fait la différence ?
Passons en revue les raisons possibles.
1/ Les compétences ?
Manifestement pas ! Je connais, vous connaissez des tas de patrons qui sont moins efficaces que leurs collaborateurs directs....




Principedepeter...On en rencontre même qui sont franchement incompétents, à se demander
comment ils sont arrivés là : la seule réponse, toujours d’actualité,
est donnée par Le Principe de Peter

2/ L’intelligence ?
Même constat que ci-dessus. Certes,
les patrons sont vifs, rapides mais des tas d’autres gens aussi.
D’ailleurs, il ne faut pas être trop intelligent pour être patron car,
à force de peser le pour et le contre, on n’arriverait plus à trancher.
Le vrai patron est celui qui est convaincu qu’il a raison, ce qui n’est
pas une preuve d’intelligence mais de prétention.
3/ La ruse ?
Bien
sûr, il en faut ! La mythologie nous enseigne qu’Ulysse est supérieur à
Achille, ne serait-ce que parce qu’il lui survit. Mais si Achille
n’avait pas été là, les Grecs auraient sans doute perdu la guerre. Il
faut être plus rusé que les autres, à condition d’avoir sous la main de
vaillants guerriers à mettre en première ligne. Mais la ruse est comme
l’intelligence : Ulysse est incertain, balloté entre plusieurs
hypothèses. Et, souvent, c’est le destin qui décide pour lui. La guerre
de Troie est d'abord celle des dieux et les hommes n'y sont que des
pions.
4/ La volonté?
On s’approche sans doute de la vraie
réponse. Il faut du caractère pour diriger, pour être le numéro 1. Mais
cette vigueur est-elle supérieure aux autres ? Rien n’est moins sûr.
Par contre, on doit être plus brutal, plus tranché. Pas d’états d’âme
quand il faut prendre des décisions « difficiles », c’est-à-dire
difficiles pour les autres. Parce que, par définition, les décisions
que prend le patron concernent toujours les autres, jamais lui-même.
Les seules décisions qui le concernent personnellement et directement
sont celles de son conseil d’administration.
5/ Les réseaux, les relations ?
En
partie peut-être, mais ce n’est pas suffisant. Là aussi, on connaît des
managers bien placés à de nombreux entrelacs : ils n’ont pourtant pas
réussi à être LE patron. Les bonnes relations aident à franchir les
étapes et à se maintenir à un certain niveau.  Mais quand il faut
accéder à la marche suprême, elles s’avèrent insuffisantes, parce qu’à
ce niveau, tout le monde a les mêmes relations.
6/ Le hasard ?
Il
peut compter (mais on ne peut compter sur lui!). Notamment quand il
s’agit de succéder à quelqu’un parti brutalement qu’il faut remplacer
rapidement : le premier qui traîne dans les couloirs fait l’affaire.
Mais il est rare qu’un patron nommé dans ces conditions dure. Il se
contentera de faire l’interim en négociant au plus haut ses conditions
de remplacement.

7/ L’humanisme ?
Alors là, certainement pas ! Quand on
est LE patron, il faut licencier, fusionner, écarter. On respecte
l’homme comme outil de production malheureusement nécessaire mais dans
les lignes comptables, la masse salariale est un chiffre comme un
autre. La financiarisation et la virtualisation croissantes du monde
des affaires ont ravalé la pâte humaine au rang de « ressource ». Et il
s’avère que cette ressource est plus chère et moins fiable que
d’autres. Pourquoi faudrait-il continuer de s'encombrer avec. Patron ou
Abbé Pierre, il faut choisir.
8/ L’argent ?
Alors là oui,
sans hésiter !  L’appât du gain est un critère valable pour tous ceux
qui veulent faire carrière. Il n’y a que deux façons de gagner vraiment
beaucoup d’argent : jouer et créer une entreprise pour la revendre. Il
faut donc être un grand joueur dans les deux cas et, dans les deux cas,
le potentiel de perte est à la hauteur de celui des gains. Inversement,
on ne peut pas prétendre à être patron si on n’a pas un goût immodéré,
déraisonnable de l'argent. Mais, encore une fois, ce n'est pas ce
critère qui fera la différence.
9/ Le pouvoir ?
Oui, il
faut ce goût du pouvoir avec celui de l’argent, l’un ne va pas sans
l’autre. Il faut vouloir régner ET vouloir s’en mettre plein les
poches. C’est une condition nécessaire mais non suffisante. Ils sont
nombreux les candidats au pouvoir mais ils ne sont pas tous élus. Et
quand on a pris le pouvoir, son désir de le garder est moins fort que
celui des autres de le prendre. Iznogoud veut être calife à la place du
calife, tandis que le calife, lui, il veut simplement en profiter.
Alors, que nous reste-t-il ?
Il nous reste tout simplement : l’Envie.
La
vraie envie, celle des sept péchés capitaux. Le désir fou d’être le
premier, une envie monstrueuse, supérieure à celle des autres, qui
écrase tout et tous sur son passage. Un rouleau compresseur, qui fait
fi de toute règle, de toute raison, qui transcende l’intuition.
Est
patron celui qui a plus envie que les autres de l’être et qui
subordonne toute sa vie et toutes ses capacités, quelles qu’elles
soient, à cette folie surhumaine, non humaine, meta-humaine.
Il peut
très bien ne pas être le plus intelligent, le plus volontaire, le plus
rusé. Il peut être plus laid, moins fort, plus petit.
Diable1S’il a plus envie que les autres, il pourra un jour ceindre la couronne de l’empereur.
Le
patron n’est pas un homme, il ressemble à un homme, il a le goût d’un
homme, il sourit – presque – comme un homme, mais… c’est le Diable !
(PS
: il est évident que ce qui précède concernent tous les patrons de la
terre … sauf un : devinez lequel ?... Le mien, bien entendu !)

Commentaires

  1. Tu vois cela fait 15 ans que je suis patron et je me pose aussi régulièrement la question de ce "qu'est un patron".
    Il y a aujourd'hui beaucoup de jeunes qui choisissent cette voie et je suis toujours épaté de les voir avec leur coeurs et leurs rêves, habiter leur avenir avec le sourire. C'est une des choses qui me fait du bien au quotidien :)
    Le retiendrai "l'envie" d'être le maitre de son destin. Je vois beaucoup d'humanisme contrairement a ce que tu sembles dire chez les nouveaux, car pour durer et être heureux il faut pouvoir se regarder tous les jours dans la glace. On peut fuire mais tu ne fuis jamais le regard de tes enfants. C'est bien celui qui est le plus important ?
    En ce qui me concerne, et je n'ai pas l'impression d'être seul, il aussi le mot "Responsable". "Responsable" politique ou responsable économique cela reste très proche à mon avis. Car être "patron" c'est avoir comme les hommes politiques la possibilité et la responsabilité de "FAIRE" dans la cité et c'est ce qui est passionnant.
    Tu vois dans les phrase que je n'aime pas entendre il y celle d'un ancien ministre qui se disait sans pourire de honte "responsable mais pas coupable" qui fait mal à la démocratie. Il y en as pas mal qui devraient avoir HONTE de siéger à coté de M. Pasqua au sénat. C'est avec ces petites lacheté que l'on, se retrouve un jour a faire la Guerre en Irak ou d'avoir Berlusconi comme "PATRON".
    Patron c'est surtout un beau métier, souvant décrié par la faute de certains (il se reconnaitront), c'est peut être le moment de faire le ménage chez les hommes politiques mais aussi chez les homme des médias ou chez les "patrons" ? Faire le ménage ou tout simplement aux hommes de bonne volonté de se lever et de "faire".

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  2. >laurent: mon "essai" se voulait bien sûr surtout humoristique. Merci pour ton point de vue "responsable" et j'espère que tu n'es pas le seul à penser, à dire et à faire comme tu le dis... Haut les coeurs!

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  3. "Inversement, on ne peut pas prétendre à être patron si on n’a pas un goût immodéré, déraisonnable de l'argent."
    C'est toute la différence entre "prétendre" et "être"...

    RépondreSupprimer

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