(extrait de la chronique "La mauvaise humeur de Lucien", à paraître dans un prochain magazine papier)
Attention, danger ! Nous, les accrocs du web, nous sommes en train de nous transformer en cyberzombies, hyper-documentalistes, le cul vissé sur notre siège, l’œil rivé sur l’écran, une main crispée sur le clavier, l’autre voûtée sur la souris. Certes, dans tous ces travaux virtuels qui nous bourrent le mou, on creuse, on pioche, on fouille, on dissèque, on échange.
Mais le problème c’est que dans un monde aussi changeant, la vérité est toujours en retard d’un métro sur le web.
IRL comme on dit (in the real life bien sûr), la vérité vraie va trop vite, elle est dans la tête des
gens qu’on rencontre, épaule contre épaule, au bistrot : ils ne savent même pas ce qu’ils vont dire quand ils ouvrent la bouche. Prenez le raffairindum, oui, non, non, oui, c’est vous dire. Le temps qu’on couche sur le net les débats enfiévrés des citoyens, ils ont déjà changé d’avis. A peine tu chattes leste, déjà t’es obsolète.
Net-addicts, soignez-vous ! Plus vous vous accrochez à l’écran, plus vous quittez la vraie vie et plus vous recréez une autre réalité, virtuelle évidemment. Le dialogue et l’échange par écran interposé, c’est bien, c’est excitant, on a le neurone allumé en permanence, je poste, je commente, j’engueule, je sermonne, je reposte, je recommente, etc. Mais, dans la blogosphère, on tourne en rond comme un chien fou dans un jardin clos tandis que les vrais passants défilent, dehors. L’internaute aboie, la caravane du monde passe.
Alors, je dis stop ! S’il faut un prophète de l’après-blog, du post-web, je serai celui-là ! Il faut quitter
l’écran, repartir sur le terrain, aller à la rencontre des gens, les interviewer, les écouter en hochant la tête, les psychanalyser longuement. Et ensuite seulement revenir à l’écran et faire partager aux autres sa découverte. Il faut sortir du ghetto binaire, abattre les remparts des places-fortes virtuelles, combattre cette drogue du net pire que le crack des cités.
Internautes, citoyens, mes amis, mes frères, libérez-vous de vos cyber-chaînes, par pitié, débranchez-vous le bas cervelet agité de secousses binaires, faites des mouvements avec vos doigts crochus arthrosés par le clavier, pliez, dépliez doucement chaque doigt l’un après l’autre, on ne regarde plus l’écran, non vous là-bas ! j’ai dit on ne regarde plus l’écran, on ferme les yeux, on respire profondément et on laisse peu à peu le doux bruit du périphérique revenir vous bercer les oreilles sur fond de raclement de gorge du voisin, tiens il existe encore celui-là ! Quel bonheur,
n’est-ce pas, d’être enfin libre et dé-cybérisé !
L’IRL oui, l’URL non ! Çà, c’est du référendum !
Imaginez : vous avez éteint la télé, la radio, la chaîne hifi, le lecteur DVD, l’ADSl, le modem, le routeur, la borne wi-fi, l’ordinateur, l’écran plat, le PDA, le téléphone mobile, le scanner, l’imprimante, l’appareil photo numérique, le disque dur 300 giga, vos dix chargeurs… Le silence et l’obscurité…L’angoisse soudain vous étreint : quoi, je ne serai plus que ce légume-là ? Cet être de
chair et d’os statufié, presque endormi, devant l’écran noir ? Eh oui, c’est bien ce que vous êtes sans vos habits électroniques, l’homo sapiens, ça pense, çà ne ponce plus, ça pionce, ça ne fonce plus. Homo erectus libéré de toute contrainte du temps réel - ce temps diaboliquement virtuel -, il ne s’emmêle plus dans ses mails, le tchat clos il caresse rêveusement son chat, l’esprit light et le cœur zen… Et vous savez ce qu’il vous reste à faire ? Vous n’avez plus qu’à penser !
« On ne dit jamais "je serai peintre" devant un beau site, mais devant un beau tableau. » Pierre-Auguste Renoir
Attention, danger ! Nous, les accrocs du web, nous sommes en train de nous transformer en cyberzombies, hyper-documentalistes, le cul vissé sur notre siège, l’œil rivé sur l’écran, une main crispée sur le clavier, l’autre voûtée sur la souris. Certes, dans tous ces travaux virtuels qui nous bourrent le mou, on creuse, on pioche, on fouille, on dissèque, on échange.
Mais le problème c’est que dans un monde aussi changeant, la vérité est toujours en retard d’un métro sur le web.
IRL comme on dit (in the real life bien sûr), la vérité vraie va trop vite, elle est dans la tête des
gens qu’on rencontre, épaule contre épaule, au bistrot : ils ne savent même pas ce qu’ils vont dire quand ils ouvrent la bouche. Prenez le raffairindum, oui, non, non, oui, c’est vous dire. Le temps qu’on couche sur le net les débats enfiévrés des citoyens, ils ont déjà changé d’avis. A peine tu chattes leste, déjà t’es obsolète.
Net-addicts, soignez-vous ! Plus vous vous accrochez à l’écran, plus vous quittez la vraie vie et plus vous recréez une autre réalité, virtuelle évidemment. Le dialogue et l’échange par écran interposé, c’est bien, c’est excitant, on a le neurone allumé en permanence, je poste, je commente, j’engueule, je sermonne, je reposte, je recommente, etc. Mais, dans la blogosphère, on tourne en rond comme un chien fou dans un jardin clos tandis que les vrais passants défilent, dehors. L’internaute aboie, la caravane du monde passe.
Alors, je dis stop ! S’il faut un prophète de l’après-blog, du post-web, je serai celui-là ! Il faut quitter
l’écran, repartir sur le terrain, aller à la rencontre des gens, les interviewer, les écouter en hochant la tête, les psychanalyser longuement. Et ensuite seulement revenir à l’écran et faire partager aux autres sa découverte. Il faut sortir du ghetto binaire, abattre les remparts des places-fortes virtuelles, combattre cette drogue du net pire que le crack des cités.
Internautes, citoyens, mes amis, mes frères, libérez-vous de vos cyber-chaînes, par pitié, débranchez-vous le bas cervelet agité de secousses binaires, faites des mouvements avec vos doigts crochus arthrosés par le clavier, pliez, dépliez doucement chaque doigt l’un après l’autre, on ne regarde plus l’écran, non vous là-bas ! j’ai dit on ne regarde plus l’écran, on ferme les yeux, on respire profondément et on laisse peu à peu le doux bruit du périphérique revenir vous bercer les oreilles sur fond de raclement de gorge du voisin, tiens il existe encore celui-là ! Quel bonheur,
n’est-ce pas, d’être enfin libre et dé-cybérisé !
L’IRL oui, l’URL non ! Çà, c’est du référendum !
Imaginez : vous avez éteint la télé, la radio, la chaîne hifi, le lecteur DVD, l’ADSl, le modem, le routeur, la borne wi-fi, l’ordinateur, l’écran plat, le PDA, le téléphone mobile, le scanner, l’imprimante, l’appareil photo numérique, le disque dur 300 giga, vos dix chargeurs… Le silence et l’obscurité…L’angoisse soudain vous étreint : quoi, je ne serai plus que ce légume-là ? Cet être de
chair et d’os statufié, presque endormi, devant l’écran noir ? Eh oui, c’est bien ce que vous êtes sans vos habits électroniques, l’homo sapiens, ça pense, çà ne ponce plus, ça pionce, ça ne fonce plus. Homo erectus libéré de toute contrainte du temps réel - ce temps diaboliquement virtuel -, il ne s’emmêle plus dans ses mails, le tchat clos il caresse rêveusement son chat, l’esprit light et le cœur zen… Et vous savez ce qu’il vous reste à faire ? Vous n’avez plus qu’à penser !
« On ne dit jamais "je serai peintre" devant un beau site, mais devant un beau tableau. » Pierre-Auguste Renoir
et si on joue a World of Warcraft ?
RépondreSupprimer> luigi: moi je préfère la belote, le tarot ou le bridge, au bistrot ou chez des copains! :-)
RépondreSupprimerWouoh, on dirait du Blaise Pascal.
RépondreSupprimer