Faut que ça sorte, tout de suite. Ce qu’on a à dire, ce qu’on cherche. Ce n’est pas trouver qui nous titille, c’est chercher ; le résultat, on s’en fout, on veut pouvoir surfer toujours et encore. C’est ça la dictature d’internet, cette excitation du nouveau permanent, ce sprint à l’adrénaline virtuelle. On ne lit plus vraiment, on parcours, on saute d’une accroche à l’autre, l’œil brownien, le doigt nerveux crispé sur la détente du clavier ou de la souris, on n’est plus que l’ombre de son clone, son avatar. Il paraît qu’on cherche du sens, nous dit-on mais, en fait, on n’a qu’un seul sens, une seule direction : devant, toujours plus, plus de bidules, plus de mémoires, plus de signes. "Ni à gauche, ni à droite, en avant!": c'était le slogan repris par les fascistes italiens. Nous voici adeptes de Kierkegaard, pour qui le public exige la liberté d'expression pour compenser la liberté de penser qu'il préfère éviter.
Internet c’est la sémiologie débridée, la couche superficielle du cerveau en ébriété. Un saut de haies dans le noir, chaque page, chaque lien est un obstacle qu’il faut franchir, vite, pour aller au suivant. Plus d’affect, plus de sentiments, rien que de l’énervement, de l'événement. On n’écoute que son moi intérieur, qu’une partie de son moi, celle qui vous dit : « non, ce n’est pas ça que je veux, cherche encore.. » Et on creuse, on pioche, on dépiaute, on décortique, on étale comme des trophées les lambeaux de cette chirurgie monstrueuse.
Internet, c’est la perte de l’âme, c’est le diable.
Je me demandais depuis un moment comment qualifier ce nouveau comportement et je crois que j’ai trouvé : nous sommes tous des éjaculateurs précoces. Il n'y aura jamais plus d'orgasme, plus de satisfaction, rien que de l'envie, rien que de l'inassouvi. Adieu l'amour et la beauté, voici le temps bionique, le temps cybernétique où l'intelligence se mesure en taux de clics sponsorisés par les marchands du temple, ravis de l'aubaine.
C'était ma chronique "Déprime" du jour...
En attendant de répondre plus longuement à Baron(sur communication et information) qui me signale qu'elle est concernée voire impliquée... "Etre impliqué ou "être concerné"? : pour faire comprendre la différence à des gens, par exemple en séminaire de motivation des troupes, vous leur dites simplement: "Si vous voulez faire des oeufs au bacon, vous avez besoin, au départ, d'une poule et d'un cochon; la différence à l'arrivée, dans votre poèle, c'est que la poule est concernée mais le cochon, lui, est impliqué."
Attention : n'allume jamais une télévision connectée à un bouquet satellite, tu verais que c'est pire et ça concerne toujours plus de monde !
RépondreSupprimersalut Laurent: j'ai oublié de dire que j'avais débranché ma télé depuis de nombreux mois (exactement le jour de la fameuse phrase de Le Lay sur les cerveaux et le coca-cola); depuis, c'est le bonheur des soirées familiales ou amicales, c'est fantastique! d'ici à ce que je débranche mon blog, il n'y a pas très loin...
RépondreSupprimerJ'aime bien ce côté grincheux, ce leitmotiv lancinant du "trop d'info tue l'info"... Reste que le comportement du zappeur mélancolique ou énervé est effectivement un travers qui nous guette tous. A moins que l'on apprenne à y faire. C'est une question d'éducation, non ? On peut regarde la télé sans finir décérébré. On peut surfer sur Internet en prenant le temps. Mais bon, en parler, cela fait des notes moins provocs, qui suscitent moins de débats, moins de réaction, moins de visite. Course à l'audimat, quand tu nous tiens...
RépondreSupprimerC'est un site 100% mecs ???
RépondreSupprimerPas mal vu.
RépondreSupprimerPS: moi ça va, je pratique le surf tantrique.
> Blaise: une petite chronique sur le surf tantrique, tu pourrais nous faire ça?
RépondreSupprimer> ?: désolé pour le côté masculin de l'image de l'éjaculateur précoce, c'est celle qui m'est venue à l'esprit, je ne sais pas s'il y a une expression commune aux deux sexes...:-)
J'aime bien la réflexion qui dit que le tout est une question d'éducation... Certes, l'information est partout et on peut tout (ou presque...) trouver. Mais l'info est surtout parcellaire! Le surf sur le net, c'est un peu comme une recherche dans les fichiers bibliographiques d'une bibliothèque: on a un titre, un auteur, une date, ..., et on se dit que ça pourrait nous intéresser dans la recherche que l'on mène. On note les références, on va au comptoir, on commande le livre oul'ouvrage en question et on le parcours, en commençant, bien entendu, par la table des matières. Et comme on a pas tout le temps, on lit en diagonale. Je crois que c'est la même chose pour Internet: on tape un mot-clef dans un moteur de recherche, on a une liste, on clique, on tombe sur un site, on lit vite ce qu'il contient, on va à la page qui semble nous intéresser et on prend l'info que l'on croit avoir trouvée... Je crois que ce mode de fonctionnement existe depuis longtemps. Mais, comme pour les recherches en bibliothèque, avec l'expérience, la connaissance des sites de référence (comme il existe des bibliographies thématiques très bien faites et pertinentes), on parvient à se frayer un chemin sur ces autoroutes de l'information. C'est, oui, une question d'éducation autant qu'une question d'enseignement. Pour le tout grand public, l'Internet est assez neuf. Il faut donc qu'il aprenne à s'en servir, qu'il l'aprivoise comme nous, ici, en sommes, je le crois, capables. D'un autre côté, il ne faut pas perdre de vue que tout le monde peut poster SON information, sur le net, ce qui complique un peu les choses... Je vais prendre un exemple: maintenant, n'importe quel éleveur de poule peut faire son site (avec le nom de ses poules, la date et l'heure des différentes pontes, quel coq fut utilisé pour la saillie, et tout ça pouvant être "webcamé"...), avant, c'est vrai, il y avait peut-être, en bibliothèque, que la gazette de l'association belge des éleveurs de poules... en collection complète, bien entendu... ;-)) L'info s'est donc dispersée et parcellisée. Mais ce ne doit pas être un obstacle ni un objet de déprime: il faut, au contraire que ce soit un exercice intellectuel (qui n'est certes peut-être pas à la portée de tous, mais quelle était la proportion de la population qui savait se servir d'un fichier bibliographique d'une bibliothèque???) qui aiguise notre sens de la recherche et notre propension à faire une synthèse de ce que l'on a découvert...
RépondreSupprimerCourage: domptons le net et apprenons aux autres à le dompter également...
Ah bah pour la télé : pas mieux...
RépondreSupprimer6 mois que...je me demande pourquoi je paye la redevance d'ailleurs...
j'va mettre la TNT sur l'ordi (juste pour les infos...elles me font toujours rire leurs façons d'amener les choses à la télé...).
Sinon, Y nous ferais un coup de calcaire ce brave Luc ?
C'est pas bonnard tout ce choix ? Voyons !!!
Bon Week'
>Gigou: cet effort que nous faisons à "dompter" le net est effectivement analysé par certains cogniticiens comme l'apprentissage positif d'un nouvel accès à une nouvelle forme de connaissance; moi je dirai plus simplement que tout ce qui fait bouger les neurones ne doit pas faire de mal! Il reste quand même ce goût d'inachevé, d'imparfait dans cette parcellisation. Par exemple, je n'ai jamais eu autant d'écrire un livre (un vrai, tout seul dans mon coin, sans personne pour me contredire, me contrarier) depuis que je blogue: ça me démange!
RépondreSupprimerfantastique chronique.
RépondreSupprimerTellement simple et pertinente.
Maintenant que vous avez defini le probleme "nous ne prenons plus le temps de penser/reflechir/mediter, lorsqu'une nouvelle information vient s'immiscer dans nos neurones" ; quelle serait à votre avis le remède?
oh attendez...
ne serait-ce pas Penser/Reflechir/Mediter ..
Mais alors pourquoi ne le faisons-nous pas ou plus? serait-ce à cause du harcèlement publicitaire? de la course au flouz? de cette illusion maintenue par notre société que la course au bonheur c'est chaqun pour soi et contre tous?
Et si nous prenions enfin le temps de nous arreter, que trouverions nous?
que le bonheur est possible seulement si nous nous y mettons ensembles?
Mais alors, on nous aurait menti ?
personellement ,je sors d'une année sabatique.
année passée a perfectionner mon yoga.
Alors je vous fait part de ce petit truc , tout simple:
Prendre un peu de temps tous les jours pour NE RIEN FAIRE est absolument salvateur.
"Le corps se repose lorsque l'on dort, mais l'esprit lui, a besoin de conscience eveillé pour etre au repos"
n'hésitez pas a inclure dans votre emploi du temp des zones pour NE RIEN FAIRE. et surtout tenez vous-y, ne vous en servez pas pour "faire autre chose"..
Essayez pendant une semaine.
Faites-le .
Serieusement, essayez pendant ue semaine:
Prenez la décision là, tout de suite, maintenant, de ne rien faire , un petit peu tous les jours, pendant une semaine.
La simple perspective est enivrante.
>Alexandre-Jean Reille: qu'est-ce que ça veut dire exactement : NE RIEN FAIRE ?????
RépondreSupprimerEh luc... "depuis que je blogue: ça me démange!" C'est quand même marrant pour un anti-blogger... Finalement blogger, cela servirait bien à quelque chose ;-)
RépondreSupprimerA+ Le perfologue...
La réponse est différente pour chaque personne.
RépondreSupprimerC'est à vous de trouver la votre.
pour certain ne rien faire c'est passer le balais dans le silence ; pour d'autre c'est faire 10 fois le tour du stade à un certain ryhtme ; pour d'autre encore c'est passer 4 heures dans la cuisine à preparer un repas...
Pour moi:
Ne rien faire, c'est "observer" le processus meme de ce qu'il se passe en soi.. sans chercher à "voir" quoi que ce soit.
sans meme chercher.
...
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