Les sites ou blogs de soi-disant info, labellisés « journalisme participatif » ou « collaboratif » ou « citoyen » pullullent, sans aucune règle, comme d’habitude, chacun fait ce qu’il veut, c’est merveilleux. Et les blogueurs sont tellement affûtés et intelligents qu’ils sauront trier le bon grain de l’ivraie, c’est bien connu.
Cela me rappelle la différence entre l’optimiste et le pessimiste. L’optimiste : « Demain, on ne mangera que de la merde ! ». Le pessimiste : « Et encore, il n’y en aura pas pour tout le monde ! »
Y’a rien à faire !
C’est décidément trop facile de créer un blog et de se mettre à publier plus vite que son ombre. L’outil vous bondit des doigts, on pianote avant même de penser.
Alors on s’invite vite fait entre copains, on se bricole un slogan alléchant avec quelques expressions new age bien sonnées et autres anglicismes à la mode, on insère obligatoirement dans son projet les mots « journalisme participatif » ou « collaboratif » ou « citoyen ».
Et on publie et on publie… N’importe quoi forcément !
Wolinski avait bien raison : « C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’on doit fermer sa gueule ! »…
Ça devient désespérant cette logorrhée, ça donne envie de se taire…
J’avais lancé en son temps un appel pour une « Charte des blogueurs indépendants » simplement pour qu’on puisse les distinguer facilement de ceux qui vendent leur sauce bien mélangée à leurs émois perso.
Je lance maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, un appel pour une
Charte du Journalisme Participatif, ou collaboratif, ou citoyen.
Elle pourrait inclure quelques points qui permettraient de savoir à qui on a affaire :
- Comment les auteurs sont-ils cooptés, sur quels critères ? qui, pourquoi, comment ? notamment : sont-ils indépendants de tout pouvoir commercial, économique, financier, politique, etc ? s’ils ne le sont pas, nul n’est parfait, peut-on indiquer clairement quelles sont leurs affiliations ?
- Savent-ils écrire ? Une petite vérification s’impose : est-ce qu’ils savent écrire en français des phrases simples et compréhensibles, même lorsqu’ils manient des concepts sophistiqués ?
- Que publie-t-on ? Je propose une règle stricte de publication : rien que de l’inédit, aucune reprise ;
- - quel est l’angle ou le mode de traitement ? je propose une séparation formelle et visuelle entre le compte-rendu de faits, l’analyse et le commentaire d’auteur ;
- Que fait-on des commentaires de lecteurs? lesquels on garde, lesquels on rejette, comment les valide-t-on ? sur la base de quels critères ?
- D’où viennent les illustrations ? qui les a créées ? leurs sources sont-elles indiqueées ? les règles du droit d’auteur sont-elles respectées ?
- L’auteur ne peut pas être juge et partie : par exemple, on ne peut pas être à la fois l’auteur d’un article et le sujet d’un autre (à l’instar de ces critiques de livres qui sont aussi écrivains et qui se renvoient la balle d’un magazine à l’autre) ;
- Y a-t-il rémunération des auteurs? Si oui, à quel tarif, selon quels critères?
- Quel est le modèle économique du site? D'où vient l'argent? etc.
Bref ce serait une charte… journalistique…
PS : je ne donne aucun lien sur ces projets, qu’ils soient américains, coréens ou même francophones; soit vous les connaissez et ces liens ne vous servent à rien, soit vous ne les connaissez pas et vous ne gagneriez rien à y aller…
C'est vrai que j'aime bien le principe du wiki, je me suis souvent demandé s'il ne fallait pas transformer ce blog en wiki... mais bonjour l'interface et le maniement du bidule!...
RépondreSupprimerbien vu!!
RépondreSupprimersinon il y a la solution "au poil" : rien n'est repris, tout est inventé, tout est faux...
il y a une autre solution : les laisser tranquilles, les blogueurs. J'ai l'impression que la plupart d'entre eux ont juste envie de publier des "journaux extimes", selon l'heureuse expression de Pierre Assouline, et puis voilà.
RépondreSupprimerDonc il est superflu de tenter de "mettre de l'ordre" dans un univers qui n'en demande pas ! et surtout il est étrange de vouloir projeter les "règles" d'un métier qui, précisement, est mis en cause par l'outil blog.
Cela dit, oui aux règles si le blog a des prétentions à délivrer de l'information : dans ce cas, la crédibilité est une condition.
(je suppose que tu faisais une allusion transparente à Agoravox ? moi, j'y collabore volontiers, en attendant de voir le sérieux du projet éditorial)
mais non, s'il s'agit d'enrégimenter des gens qui ont juste envie de raconter "des histoires" ce qui est en soi tout à fait honorable (par exemple c'est autant de temps que l'on ne passe pas devant la télé !)
Et cette charte du journalisme participatif, elle va être soumise aux journalistes professionnels?
RépondreSupprimer3. Que publie-t-on ? Je propose une règle stricte de publication : rien que de l’inédit, aucune reprise ;
Il y a quelques titres sur papier, en vidéo, à la radio et même en ligne (appellez-les journaux, magazines, hebdo, ...) qui vont disparaitre alors? Et l'AFP ne servira plus à rien alors? Et Reuters non plus aussi?
Génial, enfin du signal clair et moins de bruits dans le paysage médiatique "professionnel".
On va respirer :oP
La citation dans 1 ère article n'est pas de Wolinski, mais de Michel Audiard.
RépondreSupprimerJ'ai beau jeu de vous critiquer je viens juste de lancer mon blog. Au fait tout les termes en tif me les herisses
Et pour faire respecter votre charte, on peut mettre des flics partout ?
RépondreSupprimerSuis assez d'accord avec Benoît
RépondreSupprimer"Donc il est superflu de tenter de "mettre de l'ordre" dans un univers qui n'en demande pas ! et surtout il est étrange de vouloir projeter les "règles" d'un métier qui, précisement, est mis en cause par l'outil blog."
Et surtout pour la sélection naturelle... Si un blog ne suit pas les règles conventionnelles du journalisme (je parle de style pas de problème de diffamation par exemple), qu'il réussit avec une nouvelle forme d'écriture (même cette épouvatable SMSgraphie) après tout tant mieux. Les autres mourront de leur belle mort sans qu'il ait été nécessaire d'imposer des règles.
Joel m'écrit:
RépondreSupprimer"...sur l'efficacité contestable de l'information circulaire et itérative sur la toile: si on demande une estimation de la longueur du nez de l'empereur de Chine à un million de Chinois on obtient beaucoup plus de chiffres après la virgule qu'avec dix Chinois mais à quoi bon puisque personne ne peut voir le visage de l'empereur."
Charte du Journalisme Participatif
RépondreSupprimerJ'adhère à 100 % à l'idée. Je vous invite à lire ce texte, et y réfléchir, et à participer à la réflexion dans la commentaires du billet. Je lance maintenant, avant qu’il ne soit trop tard, un appel pour
Rappelons juste que l'expression "journal extime" est le titre d'un merveilleux texte de Michel Tournier, écrivain "sachant bloguer sans son blog" (formule heureuse que je tiens d'un blogueur nommé Acrostiche)... Quant à la "géniale intuition" dont se prévaut Assouline, elle est la chose la mieux partagée de la blogosphère : il suffit de taper "journal ou blog extime" sur un moteur de recherche pour s'en apercevoir ! Il faut rendre à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu (ce n'est pas une phrase d'Astérix et Obélix, mais de la Bible !)
RépondreSupprimerEli: merci beaucoup de votre présence ici et de votre vigilance; vous êtes la gardienne de notre sémantique débridée; j'aime cela et cela me rassure...
RépondreSupprimerUne nouvelle forme de graphomanie : la bloggomanie
RépondreSupprimerLa bloggomanie prend fatalement les proportions d'une épidémie lorsque le développement de la société réalise trois conditions fondamentales:
1) un niveau élevé de bien-être général, qui permet aux gens de se consacrer à une activité inutile;
Bourne is totaly worth money then Rush Hour 3! I think 3rd part rearly as interesting as the first! But this was great!
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