Un jour, déjà vieux, je dormais, la fenêtre ouverte comme d'habitude. A mon réveil, un petit homme gris était assis, perché sur le rebord de la lucarne.
- Pourquoi ne crois-tu plus en rien? me demanda-t-il d'une voix criarde. Il n'arrêtait pas de bouger en parlant: les deux bras tendus le long du corps, les mains à plat sur le rebord, il s'appuyait dessus en sautillant sur les fesses comme si le rebord était brûlant.
- Qu'as-tu à venir m'agacer comme çà dès le matin? grommelai-je, de mauvaise humeur comme à tous mes réveils
- Il est midi.
- Chacun son heure
- Tu n'as pas répondu à ma question
- Je crois à la mort, lui dis-je d'un ton définitif, espérant ainsi clore la conversation et pouvoir m'enfouir à nouveau sous les draps et tout oublier
A ces mots, il s'agita encore plus, son long nez pointant vers moi, les coudes écartés et relevés dans un mouvement idiot
- On n'a pas besoin de croire à la mort, imbécile, elle viendra quoiqu'il arrive! piailla-t-il finalement d'une voix suraiguë
Et il m'engueulait en plus, cet abruti! Je me dressai à moitié, décidé à lui clouer le bec
- La supériorité de la mort à la vie, lui dis-je, c'est son côté définitif
- Crois-tu à l'amour?
Je vois! L'individu était un adepte de la dialectique, un foliculaire sans doute, changeant de question à tout de bout de champ pour perturber son interlocuteur
- L'amour est comme le bonheur ou la souffrance, dis-je: tout est dans l'idée que chacun s'en fait et personne d'autre ne peut la connaître
J'avais gagné! Il avait soudain arrêté de bouger, les épaules affaissées, le menton pendant sur la poitrine. Il respirait par à-coup, cherchant son souffle. Au bout d'un long moment, il leva la tête et me regarda de ses yeux jaunes
- Et si je m'envolais, là, maintenant, tu croirais à l'amour
- Oui, bien sûr, lui dis-je d'un ton las en le fixant d'un air sarcastique
Dans la lumière crue de midi qui embrasait la lucarne, je ne voyais plus qu'une ombre noire.
Alors, le petit homme gris redressa ses épaules, agita les bras, se souleva bizarrement. Et il s'envola.
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- Pourquoi ne crois-tu plus en rien? me demanda-t-il d'une voix criarde. Il n'arrêtait pas de bouger en parlant: les deux bras tendus le long du corps, les mains à plat sur le rebord, il s'appuyait dessus en sautillant sur les fesses comme si le rebord était brûlant.
- Qu'as-tu à venir m'agacer comme çà dès le matin? grommelai-je, de mauvaise humeur comme à tous mes réveils
- Il est midi.
- Chacun son heure
- Tu n'as pas répondu à ma question
- Je crois à la mort, lui dis-je d'un ton définitif, espérant ainsi clore la conversation et pouvoir m'enfouir à nouveau sous les draps et tout oublier
A ces mots, il s'agita encore plus, son long nez pointant vers moi, les coudes écartés et relevés dans un mouvement idiot
- On n'a pas besoin de croire à la mort, imbécile, elle viendra quoiqu'il arrive! piailla-t-il finalement d'une voix suraiguë
Et il m'engueulait en plus, cet abruti! Je me dressai à moitié, décidé à lui clouer le bec
- La supériorité de la mort à la vie, lui dis-je, c'est son côté définitif
- Crois-tu à l'amour?
Je vois! L'individu était un adepte de la dialectique, un foliculaire sans doute, changeant de question à tout de bout de champ pour perturber son interlocuteur
- L'amour est comme le bonheur ou la souffrance, dis-je: tout est dans l'idée que chacun s'en fait et personne d'autre ne peut la connaître
J'avais gagné! Il avait soudain arrêté de bouger, les épaules affaissées, le menton pendant sur la poitrine. Il respirait par à-coup, cherchant son souffle. Au bout d'un long moment, il leva la tête et me regarda de ses yeux jaunes
- Et si je m'envolais, là, maintenant, tu croirais à l'amour
- Oui, bien sûr, lui dis-je d'un ton las en le fixant d'un air sarcastique
Dans la lumière crue de midi qui embrasait la lucarne, je ne voyais plus qu'une ombre noire.
Alors, le petit homme gris redressa ses épaules, agita les bras, se souleva bizarrement. Et il s'envola.
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