Tout le buzz communautariste autour du web, des blogs, des wikis part de cette idée préconçue qu'on serait plus intelligent à plusieurs que seul.
C'est ce que prétend par exemple François-Xavier Hussherr, co-auteur du livre "Le nouveau pouvoir des internautes" qui sera ouvert aux contributions des internautes pendant 80 jours. Ouverture du blog nouveaupouvoir.org le 25 avril.
Moi, tout seul dans mon coin, je ne suis pas d'accord. Parce que je ne crois pas à l'intelligence collective.
Dans cette expression, c'est bien sûr le mot "intelligence" qui me choque. Dans bien des cas, on le confond avec "efficacité". Par exemple, les forums techniques permettent de résoudre des problèmes que seul, je n'aurais jamais pu résoudre. C'est évident. Même si on met un certain temps à trouver les réponses car ces forums n'ont rien d'une base de connaissances, ils sont une sorte de bazar. Est-ce pour autant que les pratiquants assidus des forums sont plus intelligents que les autres?
Wikipédia, qui est souvent cité comme la preuve de l'intelligence collective, n'est en fait que le moyen le plus efficace, le plus rapide et le moins cher – puisque gratuit - d'accéder à un renseignement, une information, une connaissance (choisissez le mot que vous voulez, ça n'a pas d'importance dans ma réflexion d'aujourd'hui) qui va vous rendre service. Cela n'a rien à voir avec de l'intelligence collective. Je ne crois pas que Wikipédia soit plus intelligente que Universalis ou Britannica; elle est plus actualisée, plus branchée, plus diverse, oui. Mais plus intelligente, pourquoi? Selon quel critère? Tant qu'on n'aura pas trouvé un indicateur de mesure de l'intelligence, personne en pourra répondre à ces questions.
Est-ce que dix ans de pratique intensive du net m'ont rendu plus intelligent? Non, je ne crois pas, hélas. Est-ce qu'un auteur tout seul dans son coin peut écrire quelque chose de plus intelligent que des milliers d'internautes rassemblés sur un même sujet? Oui, je crois que oui, heureusement. Je ne sais pas pourquoi mais j'aurais envie de dire la même chose sur la poésie…
C'est donc un débat sur le mot "intelligence" ? Oui et non.
Si on se limite à la première définition du Petit Robert: "faculté de connaître, de comprendre", c'est le mot "faculté" qui m'intéresse. L'intelligence n'est pas un état, une connaissance, c'est une faculté. Même Wikipedia le dit: "capacité à saisir (et savoir utiliser) des liens entre des éléments disparates".
Par quel miracle l'intelligence collective d'une communauté, mise en œuvre dans tel ou tel projet, aurait-elle la capacité de développer les facultés de chacun de ses membres? Ou bien celle de produire un résultat qui développerait davantage les facultés de ceux qui les reçoivent qu'un autre résultat? Dans les deux cas, je ne vois pas comment on peut mesurer cela. Participer à des projets communautaires, quels qu'ils soient, est certainement une preuve d'intelligence et d'ouverture, d'adaptabilité, etc. Mais comparer une intelligence collective à une intelligence individuelle ne peut conduire qu'à une impasse.
A moins de se comparer à des fourmis ou à des abeilles, qui sont des êtres vivants que je respecte, mais j'ai tendance à penser que l'intelligence humaine va plus loin que la seule efficacité d'une organisation.
La seule vérité dans un travail intellectuel de type thèse-antithèse-synthèse, qui est souvent le
principe des communautés web même si elles s'en défendent, est que la synthèse est censée produire quelque chose de nouveau. « Le passage d’une étape à une autre est toujours un enrichissement ; il y a
toujours plus dans la synthèse que dans la thèse et l’antithèse réunies. » Jean-Paul Sartre (Situations III).
L'esprit de synthèse, c'est peut-être ce qui nous manque le plus, aujourd'hui...
C'est ce que prétend par exemple François-Xavier Hussherr, co-auteur du livre "Le nouveau pouvoir des internautes" qui sera ouvert aux contributions des internautes pendant 80 jours. Ouverture du blog nouveaupouvoir.org le 25 avril.
Moi, tout seul dans mon coin, je ne suis pas d'accord. Parce que je ne crois pas à l'intelligence collective.
Dans cette expression, c'est bien sûr le mot "intelligence" qui me choque. Dans bien des cas, on le confond avec "efficacité". Par exemple, les forums techniques permettent de résoudre des problèmes que seul, je n'aurais jamais pu résoudre. C'est évident. Même si on met un certain temps à trouver les réponses car ces forums n'ont rien d'une base de connaissances, ils sont une sorte de bazar. Est-ce pour autant que les pratiquants assidus des forums sont plus intelligents que les autres?
Wikipédia, qui est souvent cité comme la preuve de l'intelligence collective, n'est en fait que le moyen le plus efficace, le plus rapide et le moins cher – puisque gratuit - d'accéder à un renseignement, une information, une connaissance (choisissez le mot que vous voulez, ça n'a pas d'importance dans ma réflexion d'aujourd'hui) qui va vous rendre service. Cela n'a rien à voir avec de l'intelligence collective. Je ne crois pas que Wikipédia soit plus intelligente que Universalis ou Britannica; elle est plus actualisée, plus branchée, plus diverse, oui. Mais plus intelligente, pourquoi? Selon quel critère? Tant qu'on n'aura pas trouvé un indicateur de mesure de l'intelligence, personne en pourra répondre à ces questions.
Est-ce que dix ans de pratique intensive du net m'ont rendu plus intelligent? Non, je ne crois pas, hélas. Est-ce qu'un auteur tout seul dans son coin peut écrire quelque chose de plus intelligent que des milliers d'internautes rassemblés sur un même sujet? Oui, je crois que oui, heureusement. Je ne sais pas pourquoi mais j'aurais envie de dire la même chose sur la poésie…
C'est donc un débat sur le mot "intelligence" ? Oui et non.
Si on se limite à la première définition du Petit Robert: "faculté de connaître, de comprendre", c'est le mot "faculté" qui m'intéresse. L'intelligence n'est pas un état, une connaissance, c'est une faculté. Même Wikipedia le dit: "capacité à saisir (et savoir utiliser) des liens entre des éléments disparates".
Par quel miracle l'intelligence collective d'une communauté, mise en œuvre dans tel ou tel projet, aurait-elle la capacité de développer les facultés de chacun de ses membres? Ou bien celle de produire un résultat qui développerait davantage les facultés de ceux qui les reçoivent qu'un autre résultat? Dans les deux cas, je ne vois pas comment on peut mesurer cela. Participer à des projets communautaires, quels qu'ils soient, est certainement une preuve d'intelligence et d'ouverture, d'adaptabilité, etc. Mais comparer une intelligence collective à une intelligence individuelle ne peut conduire qu'à une impasse.
A moins de se comparer à des fourmis ou à des abeilles, qui sont des êtres vivants que je respecte, mais j'ai tendance à penser que l'intelligence humaine va plus loin que la seule efficacité d'une organisation.
La seule vérité dans un travail intellectuel de type thèse-antithèse-synthèse, qui est souvent le
principe des communautés web même si elles s'en défendent, est que la synthèse est censée produire quelque chose de nouveau. « Le passage d’une étape à une autre est toujours un enrichissement ; il y a
toujours plus dans la synthèse que dans la thèse et l’antithèse réunies. » Jean-Paul Sartre (Situations III).
L'esprit de synthèse, c'est peut-être ce qui nous manque le plus, aujourd'hui...
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