[chronique de Lucien paru dans 01DSI n°3]
Allez, une fois de plus, on va rire jaune ensemble des spécialistes de la communication et du marketing qui continuent à vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes, des produits lambda pour des solutions géniales, des stratégies d’actionnaires pour des bénéfices clients, les tics de comptables pour l’éthique des comptes, le patron pour un philanthrope et l’employé de base pour un collaborateur stratégique.
Tous inspirés par Magritte qui peint une pipe et appelle son tableau : « Ceci n’est pas une pipe. »
Et quand les cigarettes, de plus en plus chères, mettent sur leur paquet « Fumer provoque l’impuissance » on se dit que le monde marche vraiment sur la tête (et reste sexiste car que signifie exactement ce message pour la majorité de la planète, les femmes ? je vous le demande).
Pourtant, le virus des slogans décalés continue ses ravages. Telle grande marque n’est plus un vendeur d’équipements de sports mais un « créateur de technologies sportives » : ça sonne mieux, non ?
Vouscroyez acheter une paire de baskets, en fait, vous participez à une grande aventure technologique. Ce qui vous évite de constater à quel point les chaussures se sont améliorées… dans leur prix . Ainsi, moi, en ce moment, je n’écris pas une chronique, j’invente un espace virtuel interactif de communication sur la planète digitale et je vous dis pas le prix que je vais le facturer… Innovation et high tech sont les deux concepts à la mode, quel que soit le produit ou le service. Ca permet d’engranger de confortables marges en donnant l’illusion du progrès. High tech égale low cost parce que few people. Savez-vous combien il y a de main d’œuvre aujourd’hui dans le prix de revient d’un PC ? 0,8%... Un micro, ça se fabrique en 20 minutes, emballez c’est pesé. Tel vendeur de soft n’essaie pas de vous fourguer un maximum de logiciels inutiles, il veut simplement rendre votre entreprise « agile » ; tel autre ne vend pas des packages tout fait mais vous bichonne un système sur mesure, pardon « à la demande ». Quant à celui-là, il vous suggère d’être « inspiré »… quand vous signez le chèque. Alors, allons-y, faisons comme eux: créons des concepts nouveaux sur de vieux bidules avec les mots idoines. Je propose de rebaptiser la baguette « objet biologique de sustentation équilibrée », la voiture « total mobile communicateur », la télévision « extrême miroir social de l’innovation » (on peut mettre « bêtise » à la place de « innovation » mais c’est moins vendeur) et Raffarin « nouveau déchiffreur des abysses verbaux » ou bien « zodiacal zonier». Désormais tous les sigles seront inversés et anglicisés: le PDG deviendra un « Global Digital Performer » et le DSI un « Integrated Solutions Defender »; seul le CAC ne bougera pas, ça vaut mieux pour lui parce quand il bouge c’est jamais dans le bon sens…
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Allez, une fois de plus, on va rire jaune ensemble des spécialistes de la communication et du marketing qui continuent à vouloir nous faire prendre des vessies pour des lanternes, des produits lambda pour des solutions géniales, des stratégies d’actionnaires pour des bénéfices clients, les tics de comptables pour l’éthique des comptes, le patron pour un philanthrope et l’employé de base pour un collaborateur stratégique.
Tous inspirés par Magritte qui peint une pipe et appelle son tableau : « Ceci n’est pas une pipe. »
« On dit que Dieu a créé le monde en sept jours : facile ! Il n’avait pas de base installée, lui. » Un directeur informatique |
Pourtant, le virus des slogans décalés continue ses ravages. Telle grande marque n’est plus un vendeur d’équipements de sports mais un « créateur de technologies sportives » : ça sonne mieux, non ?
Vouscroyez acheter une paire de baskets, en fait, vous participez à une grande aventure technologique. Ce qui vous évite de constater à quel point les chaussures se sont améliorées… dans leur prix . Ainsi, moi, en ce moment, je n’écris pas une chronique, j’invente un espace virtuel interactif de communication sur la planète digitale et je vous dis pas le prix que je vais le facturer… Innovation et high tech sont les deux concepts à la mode, quel que soit le produit ou le service. Ca permet d’engranger de confortables marges en donnant l’illusion du progrès. High tech égale low cost parce que few people. Savez-vous combien il y a de main d’œuvre aujourd’hui dans le prix de revient d’un PC ? 0,8%... Un micro, ça se fabrique en 20 minutes, emballez c’est pesé. Tel vendeur de soft n’essaie pas de vous fourguer un maximum de logiciels inutiles, il veut simplement rendre votre entreprise « agile » ; tel autre ne vend pas des packages tout fait mais vous bichonne un système sur mesure, pardon « à la demande ». Quant à celui-là, il vous suggère d’être « inspiré »… quand vous signez le chèque. Alors, allons-y, faisons comme eux: créons des concepts nouveaux sur de vieux bidules avec les mots idoines. Je propose de rebaptiser la baguette « objet biologique de sustentation équilibrée », la voiture « total mobile communicateur », la télévision « extrême miroir social de l’innovation » (on peut mettre « bêtise » à la place de « innovation » mais c’est moins vendeur) et Raffarin « nouveau déchiffreur des abysses verbaux » ou bien « zodiacal zonier». Désormais tous les sigles seront inversés et anglicisés: le PDG deviendra un « Global Digital Performer » et le DSI un « Integrated Solutions Defender »; seul le CAC ne bougera pas, ça vaut mieux pour lui parce quand il bouge c’est jamais dans le bon sens…
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