[Extrait d'un éditorial à paraître dans le magazine 01 DSI, du 16 février 2007]
Tendance décelée par PricewaterhouseCoopers (quel nom !) dans son étude annuelle sur le moral des patrons (*) : en ces temps de globalisation forcenée, les PDG interrogés (plus de 1000 de par le monde) misent aussi sur la motivation des troupes, sur le travail collaboratif et sur l’image de l’entreprise dans la société. L'étude introduit également cette notion de "profit sociétal".
(à propos de cette enquête, lire aussi "Technologies disruptives: la menace")
Synthèse de l'étude.... :
1/ Mondialisation
Fusions - acquisitions :
apparemment, leur rythme ne devrait pas se ralentir ! La moitié des
grands patrons questionnés par PwC déclare en effet être engagée dans
ce type d’opérations.
2/ Externalisation
Les destinations prisées
ne changent pas : derrière le package BRIC (Brésil, Russie, Inde,
Chine), émergent le Mexique, l’Indonésie ou la Corée. La nouveauté
vient de l’outsourncing d’activités comme la R&D ou le marketing.
Et globalement, 11% des patrons interrogés déclarent avoir outsourcé
plus de 50% de leur business dans des zones à faible coût. Un chiffre
confirmé par l’Institut Indien du Management (IIM) selon lequel 55% des
entreprises du classement Fortune 1000 ont déjà externalisées des
activités de services en 2006.
3/ Risques
Du côté des risques globaux, les patrons se sentent toujours bridés,
menacés ou gênés en priorité par la sur-régulation, le manque de
talents disponibles, la concurrence des pays à bas salaires, le prix du
pétrole, le retournement possible de conjoncture dans les grandes
économies, les technologies disruptives. La grippe aviaire arrive en
fin de liste !
4/RH
Le travail collaboratif semble préoccuper désormais les PDG,
même s’ils s’en tiennent à des discours assez généraux. On cite des
programmes de leaderships censés donner leur chance aux nouveaux
talents et habituer les collaborateurs à la rapidité du changement. En
externe, le seul sujet bien détaillé est celui de la chaîne logistique
où la coopération avec les fournisseurs est désormais de mise : il faut
parler maintenant de « partenariat stratégique ».
5/Développement durable
Un bon
moyen de retrouver l’adhésion des équipes : 95% des collaborateurs de
sociétés dotées d’un tel programme se déclarent fiers d’y travailler et
prêts à recommander leur employeur à un ami. Restent des questions :
combien ces entreprises sont-elles prêtes à dépenser dans des plans de
développement durable ? Quels sont les indicateurs mesurant le retour
sur investissement de tels programmes, etc. ?
6/Profit sociétal
Cette nouvelle notion de « profit sociétal » serait en train de changer le concept même de globalisation :
l’objectif de l’entreprise qui œuvre sur le marché mondial est
désormais de devenir un « citoyen global », de développer le travail
collaboratif et de jouer la transparence en suivant des règles éthiques
bien établies.
Comme dit PwC, elle doit trouver l’équilibre entre “ doing
the profitable thing” et “doing the right thing”. Bien dit!
Luc, cette étude me rappelle une très récente et passionnante conversation avec un "ancien" du secteur : Robert Aydabirian, président du directoire d'Osiatis et ancien patron d'HP.
RépondreSupprimerLe sujet de notre conversation portait sur la nécessité pour les entreprises d'avoir une attitude citoyenne !
Pour faire court (et c'est bien dommage, car le monsieur est particulièrement intéressant sur le sujet), l'outsourcing n'est pas mauvais en soi, c'est la manière dont les entreprises l'utilisent qui peut l'être.
Les patrons doivent donc se demander pourquoi ils utilisent l'outsourcing avant de le faire, et ne le faire que s'ils ont envisagé toutes les autres solutions.
En gros, on en vient à demander aux entreprises de suivre des valeurs, mais de vraies valeurs (comme l'indique visiblement PWC dans leur étude).
Et pourquoi est-il important pour les entreprises de respecter ces valeurs ? Parce que nous allons de plus en plus vers un monde de connaissance, que la maîtrise de la connaissance est donc la maîtrise de la valeur, qu'outsourcer son informatique ou sa R&D outre mesure, c'est se défaire des moyens qui sont ceux de nos entreprises de maîtriser cette connaissance. Outsourcer sans maîtrise ni éthique, c'est à terme se retrouver sans plus de maîtrise des process de gestion de la connaissance et de l'information dans notre pays ... et les centres de décision suivront sans doute les centres de production du côté où le soleil se lève.
Aucun alarmisme dans son discours. Simplement le rappel qu'un certain nombre de valeur et que le développement d'une éthique au sein d'une entreprise est fondé sur un ensemble d'intérêts, notamment économiques pour les entreprises, mais également pour la société.
Passionnant je te dis. :-)
Salut Eric! J'ai également rencontré récemment un grand patron d'une grosse boîte de services, bien connu pour ses succès financiers et j'ai trouvé un homme qui voulait conjuguer croissance, bons résultats et... fraternité! Et le bonhomme avait l'air sincère!
RépondreSupprimerComent séparer le bon de l'ivraie dans ces bons discours ... La piste mérite néanmoins d'être suivie. Il faudra cependant se méfier de ceux qui vivent ces valeurs, et ceux qui les affichent parce que c'est politiquement correct. Je me souviens notamment des "Principles" affichés à l'entrée d'une société américaine pour laquelle j'eu travaillé, et qui nous faisaient doucement rigoler lorsque nous passions devant, aucun de nos super-cadres ne les appliquant.
RépondreSupprimerPassionnant je te dis :-)
A propos, cette info est erronée " Et globalement, 11% des patrons interrogés déclarent avoir outsourcé plus de 50% de leur business dans des zones à faible coût. ". Cf page 29 (ou 27, me souviens plus) du doc PWC, où il est quesiton de patrons d'entreprises localisées dans les pays émergents.
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