Stratégie - Elle n'est jamais perdante, mais elle peut connaître des aléas dus à un retournement, toujours imprévisible, de la conjoncture. Aujourd'hui, tout est stratégique, même la tactique. Par exemple, à une époque, Jacques Chirac a cru qu'acheter des billets d'avion en liquide était un bon moyen d'utiliser son bas de laine. Erreur stratégique ! C'est devenu une affaire d'Etat. En business, la stratégie permet d'habiller tous les coups tordus. - Chez les grands hommes, un objectif stratégique cache souvent un complexe d'infériorité intellectuel ou un manque d'amour de la part de sa maman. - Commentaire : Le capitalisme (ou encore la guerre, la révolution, l'amour, l'Olympique de Marseille), c'est simple comme Tapie : " Quand çà marche, c'est grâce à moi ; quand çà ne marche pas, c'est à cause de toi. " Un coup je t'embauche, t'es beau, un coup je t'embrouille, t'es nouille. - La stratégie des grands groupes ressemble à un régime alimentaire: d'abord ils engraissent en licenciant leurs produits puis, quand la conjoncture disjoncte, ils dégraissent en licenciant leur personnel. Un régime à courte vue qui ne résout pas les problèmes de fond. " Il est difficile à un poisson de voir son propre aquarium " disait André Malraux, pour rester poli. Le proverbe berbère, lui, est beaucoup plus direct: " Quand la neige fondra, la merde apparaîtra ". - Depuis Lao-Tseu et Clausewitz, on aurait pu pensé que la stratégie - militaire ou économique c'est pareil - avait fait des progrès. Hélas, il faut se rendre à l'évidence : aujourd'hui, plus l'objectif est rustique, plus il est populaire. L'idée ? Etre plus gros que le voisin ! Fallait quand même y penser ! C'est simple : chacun veut être numéro un mondial sur un créneau porteur (on dit " non cyclique ") et rapporteur de grosses marges (on dit " créateur de valeur "). La grenouille aspire au bœuf, le bœuf au dinosaure et le dinosaure croit que la comète ne tombera pas sur lui mais sur les petits copains d'à côté. Donc je vends un peu, j'achète beaucoup, je m'endette mais c'est pas grave, je grossis jusqu'à ce que je puisse enfin déclarer aux analystes ébahis : ça y est, je suis numéro un ! Si, en plus, je peux annoncer un bon plan de licenciements (pardon, de synergies), ça fera monter la bourse. - Au passage, méfiez-vous des créneaux trop petits car, comme dit le proverbe : " Quand on travaille dans une niche, il ne faut pas s'étonner d'être traité comme des chiens. " - Enfler, voilà donc la règle de nos stratèges modernes. Empiler les chiffres d'affaires, les clients, les pays. Rafler les catalogues, les technologies, les savoir-faire. Peu importe qu'il n'y ait aucune vision derrière tout çà, l'important c'est la masse. C'est l'effet sumo. Comme je suis plus gros que toi, je te pousse en-dehors du jeu avec mon gros ventre. Je suis forcément le meilleur puisque je suis numéro un. Je ne sais pas qui je suis mais quelle importance puisque je suis numéro un. Je n'ai rien à dire mais j'ai tous les droits de le dire puisque je suis numéro un. Je ne sais rien de la vie, de l'histoire, des hommes et de leurs cultures mais je m'en fous, je suis... - Feraient mieux de relire Lao-Tseu, tous ces bouddhas de pacotille : " Celui qui a inventé le bateau a aussi inventé le naufrage. " - Voir J2M.Autres mots...
En attendant de répondre plus longuement à Baron(sur communication et information) qui me signale qu'elle est concernée voire impliquée... "Etre impliqué ou "être concerné"? : pour faire comprendre la différence à des gens, par exemple en séminaire de motivation des troupes, vous leur dites simplement: "Si vous voulez faire des oeufs au bacon, vous avez besoin, au départ, d'une poule et d'un cochon; la différence à l'arrivée, dans votre poèle, c'est que la poule est concernée mais le cochon, lui, est impliqué."
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