Tautologie - Très à la mode en communication et en littérature: une sorte d'apologie du truisme. Quand vous répétez plusieurs fois la même chose, soit vous êtes bègue ou obstiné, soit vous aimez la tautologie. " Un sou est un sou ", " les affaires sont les affaires " sont des exemples célèbres de cet effet de répétition qui tente de donner du sens à une banalité. Ce vice logique est couramment employé dans la high tech quand elle ne sait plus quoi dire, ce qui lui arrive souvent. Par exemple, dans cette annonce de recrutement: " Vous avez toute votre place dans notre société ". Effectivement, pour embaucher quelqu'un, il vaut mieux lui dire qu'on a besoin de lui. Ou encore dans cette pub pour un logiciel: " Pas la peine de parler de notre logiciel. " Mais on en va en parler quand même, n'est-ce pas ? On essaye aussi de masquer la réalité avec d'autres mots : mon ordinateur est un serveur, s'il vous plaît, mon matériel une plateforme, mon site un portail évidemment, mon logiciel une suite (il y a toujours une suite dans un logiciel, c'est la version d'après, celle qui est annoncée quand vous installez la vôtre). Roland Barthe, cet auteur célèbre que personne n'a lu, affirmait que la tautologie est une sorte de refus de penser, quelque chose comme l'antichambre d'un poujadisme récurrent. Pour Jean-Claude Bologne*, en outre, elle s'expose d'elle-même à un retour de bâton : à tautologue, tautologue et demi. Si noir c'est noir, alors blanc c'est blanc. Moyennant quoi, on n'arrivera jamais à se mettre d'accord. La tautologie n'est que la tautologie : une impasse. Pas question d'en faire un totem. Le problème, c'est que quelques grands écrivains lui ont donné ses lettres de noblesse : le " parce que c'était lui, parce que c'était moi " de Montaigne parlant de son amitié avec La Boétie nous a toujours ébahi et fut souvent imité, n'est-ce-pas ? Et que dire de Mitterrand, impérial avec son " laisser le temps au temps " emprunté à Cervantès. On crut donc, avec de telles références, qu'on pouvait s'en donner à cœur joie. Le résultat est triste comme la chair, hélas : la pensée unique et le politiquement correct qui sous-tendent désormais toute communication sont les avatars de la tautologie reine. Appliqué à la pub, cela donnerait un message du genre : " Achetez mon produit, pas celui de mon concurrent Bidule ! " Pourquoi ? " Parce que lui c'est lui et moi, c'est moi ! " Convaincant, non ? - * " Les allusions littéraires ", Larousse. - Autres mots...
En attendant de répondre plus longuement à Baron(sur communication et information) qui me signale qu'elle est concernée voire impliquée... "Etre impliqué ou "être concerné"? : pour faire comprendre la différence à des gens, par exemple en séminaire de motivation des troupes, vous leur dites simplement: "Si vous voulez faire des oeufs au bacon, vous avez besoin, au départ, d'une poule et d'un cochon; la différence à l'arrivée, dans votre poèle, c'est que la poule est concernée mais le cochon, lui, est impliqué."
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