C’est l’un des exercices favoris de McKinsey : nous dévoiler régulièrement les technos qui risquent de faire levier pour le business. La dernière livraison de cet exercice en passe dix en revue.
Résumé.
La méthode est toujours la même. On brosse d’abord le paysage en insistant sur la rapidité de l’évolution de notre techno-monde, c’est toujours bon d’avoir quelques chiffres en tête : Facebook a multiplié son audience par 5 en 2 ans pour atteindre aujourd’hui 500 millions de membres ; plus de 4 milliards de personnes sur la planète utilisent un téléphone portable et le web devient un univers majoritairement mobile.
Le déploiement des technos s’accélère avec la virtualisation et le cloud computing. On explique ensuite comment ces 10 technos sont porteuses de changement et pourquoi les entreprises n’ont pas intérêt à louper le coche. Enfin on rappelle qu’une autre étude McKinsey a démontré une étroite corrélation entre l’utilisation des médias sociaux, blogs et autres wikis et des gains significatifs de parts de marché.
Et maintenant que nous sommes bien alléchés, voici les dix technos miracles !
1. Co-création distribuée
2. Organisation en réseau
3. Collaboration à grande échelle
4. L’Internet des objets
5. Expérimentation et big data
6. Se brancher sur un monde durable
7. AaaS ou Anything as a Service
8. Business model multiface
9. Innovation bottom up
10. Service public « on the grid »
(source image)
1. Co-création distribuée : elle est passée à la phase industrielle ; exemple : Facebook a réussi à rameuter 300 000 bénévoles pour traduire son site en 70 langues ; la version française a été traduite en une journée. Pour que cette co-création distribuée soit un outil mature, il lui manque encore l’identification des bonnes compétences des participants et un feedback de l’entreprise pour stimuler leur motivation. Autrement dit : comment fidéliser les bénévoles ?
2. Organisation en réseau : les entreprises chopent les talents là où ils sont, en interne comme en externe. On parle d’organisation « poreuse ». Cela peut aller jusqu’à des places de marché de compétences. Le but de l’entreprise est d’organiser les tâches plutôt que d’être « propriétaire » de ses travailleurs.
3. Collaboration à grande échelle : le nombre de travailleurs du savoir grandit plus vite que ceux de la production ou de la transaction ; et comme ils sont mieux payés, il faut accroître leur productivité, d’où l’explosion des conférences web ou vidéo (qui limitent les déplacements) et surtout des outils collaboratifs. Un des exemples les plus cités est celui du cercle fermé de l’intelligence économique américaine qui vient de s’ouvrir aux blogs et wikis partagés par les analystes et les agences. Mais, globalement, si l’on vise une organisation collaborative effective, on n’en est qu’au stade des expériences pilotes. Les outils ont encore des progrès à faire.
4. L’Internet des objets : c’est le RFID (radio-frequency identification) qui a lancé le mouvement. Reliés à des senseurs, capteurs, actuateurs, et à des systèmes de télécom, les objets communicants vont très vite traiter massivement de l’information temps réel et gérer des environnements capables de s’adapter automatiquement à des changements de contexte. Les applications ? Des primes d’assurance auto qui varient selon la conduite du conducteur, des détecteurs portés par des patients qui transmettent en temps réel leur état de santé, des senseurs qui adaptent les lignes de fabrication. Un nouveau et vaste champ d’applications s’ouvre avec la gestion de l’énergie.
5. Expérimentation et big data : Les volumes de données utiles traitables doublent tous les 18 mois. Bienvenue dans ce nouveau monde des « Big Data » ! Traiter de grandes masses d’informations se fait de plus en plus vite, coûte de moins en moins cher, et permet de lancer des expérimentations et des tests grandeur nature. Chaque entreprise va pouvoir être son propre labo de R&D en analysant chaque transaction de chaque client. Des sites de e-commerce sont ainsi capables de faire varier en temps réel les prix de plusieurs milliers de produits en fonction des courbes instantanées de ventes. Les grandes marques suivent en permanence les réseaux sociaux pour y mesurer l’impact immédiat de campagnes marketing. C’est l’heure du « test and learn ».
6. Se brancher sur un monde durable : la performance durable d’une entreprise devient une métrique corporate suivie par les parties prenantes et les analystes. L’informatique joue un double rôle dans ce débat : c’est une industrie qui pollue de manière significative mais c’est aussi pour les autres secteurs un outil pour optimiser leur impact environnemental. Néanmoins le bilan est positif : pour McKinsey, l’utilisation des TIC (technologies de l’information et de la communication) dans les smart grids, dans les immeubles intelligents et dans la logistique et les transports provoque une diminution des émissions de carbone 5 fois supérieures à celles produites par l’industrie des TIC elle-même. Les smart buildings et les data center « verts » se multiplient, la virtualisation diminue le nombre de serveurs, la ventilation des salles informatiques se fait par air ou, quand c’est possible , par de l’eau renouvelable.
7. AaaS ou Anything as a Service : la mise à disposition d’un service remplace la livraison d’un produit, le modèle du paiement à l’usage se répand dans toutes les activités. Le cloud computing se généralise et l’internaute l’accepte pour toute application, de l’email à la vidéo. Le seul SaaS (Software as a Service) est un marché qui croit de 17% par an. Beaucoup d’entreprises transforment un de leur savoir-faire interne en service offert au public. Attention toutefois : l’innovation en services requiert un état d’esprit très différent de l’innovation en produits !
8. Business model multiface : l’interaction business se fait entre de multiples acteurs, à l’exemple du modèle publicitaire des médias. Ce modèle s’étend à d’autres secteurs : Spiceworks offre des logiciels d’entreprise gratuits à ses 950 000 abonnés et collecte de la pub auprès des entreprises qui veulent toucher des utilisateurs d’informatique. Take Sermo est une communauté de spécialistes santé bénévoles qui s’échangent des informations entre eux et l’accès à ces infos est payant pour les entreprises ou organisations qui veulent utiliser ce contenu. FlickR, Pandora (musique) et Skype utilisent le modèle « Freemium » ou un large groupe d’utilisateurs profitent d’un service « free » grâce à une minorité d’abonnés payants qui ont droit à un service « premium ». Et plus le nombre d’utilisateurs augmente, plus le service s’améliore pour tous. Des entreprises utilisent leurs données clients pour les vendre à d’autres secteurs : Mastercard vend à des annonceurs de la prévision de consommation à partir de ses données clients de carte de crédit. Chaque entreprise doit s’interroger aujourd’hui sur ce qu’elle peut générer comme nouveau business model en fournissant une partie gratuite de services.
9. Innovation bottom up : les modèles disruptifs ont du succès quand la technologie se combine avec des conditions extrêmes de marché, comme une demande de prix bas, d’infrastructure légère, des fournisseurs existants peu accessibles et l’accès économique à des compétences. Les pays émergents sont particulièrement friands de ces modèles. Exemple : Alibaba est une place de marché chinoise qui regroupe des capacités de production de multiples entreprises et les offre comme un service et qui compte aujourd’hui 30 millions de membres. Cette innovation qui vient du bas est un gros challenge pour les acteurs globaux traditionnels qui doivent développer leur écosystème.
10. Service public « on the grid » : tout service public a vocation à être facilement distribué et accessible grâce aux TIC. Exemple de l’urbanisation : 70% de la population vivra en ville en 2050. La technologie devra fournir des solutions en optimisant les transports, les réseaux de télécom, la distribution d’eau potable. La sécurité publique va s’appuyer sur la vidéo surveillance. Le cloud computing va aider l’enseignement à se développer, l’e-administration va se généraliser, la participation active des citoyens à la vie de la cité deviendra un paramètre fondamentale. Tout cela exige un changement de mentalité important de la part des managers des services publics.
Résumé.
La méthode est toujours la même. On brosse d’abord le paysage en insistant sur la rapidité de l’évolution de notre techno-monde, c’est toujours bon d’avoir quelques chiffres en tête : Facebook a multiplié son audience par 5 en 2 ans pour atteindre aujourd’hui 500 millions de membres ; plus de 4 milliards de personnes sur la planète utilisent un téléphone portable et le web devient un univers majoritairement mobile.
Le déploiement des technos s’accélère avec la virtualisation et le cloud computing. On explique ensuite comment ces 10 technos sont porteuses de changement et pourquoi les entreprises n’ont pas intérêt à louper le coche. Enfin on rappelle qu’une autre étude McKinsey a démontré une étroite corrélation entre l’utilisation des médias sociaux, blogs et autres wikis et des gains significatifs de parts de marché.
Et maintenant que nous sommes bien alléchés, voici les dix technos miracles !
1. Co-création distribuée
2. Organisation en réseau
3. Collaboration à grande échelle
4. L’Internet des objets
5. Expérimentation et big data
6. Se brancher sur un monde durable
7. AaaS ou Anything as a Service
8. Business model multiface
9. Innovation bottom up
10. Service public « on the grid »
(source image)
1. Co-création distribuée : elle est passée à la phase industrielle ; exemple : Facebook a réussi à rameuter 300 000 bénévoles pour traduire son site en 70 langues ; la version française a été traduite en une journée. Pour que cette co-création distribuée soit un outil mature, il lui manque encore l’identification des bonnes compétences des participants et un feedback de l’entreprise pour stimuler leur motivation. Autrement dit : comment fidéliser les bénévoles ?
2. Organisation en réseau : les entreprises chopent les talents là où ils sont, en interne comme en externe. On parle d’organisation « poreuse ». Cela peut aller jusqu’à des places de marché de compétences. Le but de l’entreprise est d’organiser les tâches plutôt que d’être « propriétaire » de ses travailleurs.
3. Collaboration à grande échelle : le nombre de travailleurs du savoir grandit plus vite que ceux de la production ou de la transaction ; et comme ils sont mieux payés, il faut accroître leur productivité, d’où l’explosion des conférences web ou vidéo (qui limitent les déplacements) et surtout des outils collaboratifs. Un des exemples les plus cités est celui du cercle fermé de l’intelligence économique américaine qui vient de s’ouvrir aux blogs et wikis partagés par les analystes et les agences. Mais, globalement, si l’on vise une organisation collaborative effective, on n’en est qu’au stade des expériences pilotes. Les outils ont encore des progrès à faire.
4. L’Internet des objets : c’est le RFID (radio-frequency identification) qui a lancé le mouvement. Reliés à des senseurs, capteurs, actuateurs, et à des systèmes de télécom, les objets communicants vont très vite traiter massivement de l’information temps réel et gérer des environnements capables de s’adapter automatiquement à des changements de contexte. Les applications ? Des primes d’assurance auto qui varient selon la conduite du conducteur, des détecteurs portés par des patients qui transmettent en temps réel leur état de santé, des senseurs qui adaptent les lignes de fabrication. Un nouveau et vaste champ d’applications s’ouvre avec la gestion de l’énergie.
5. Expérimentation et big data : Les volumes de données utiles traitables doublent tous les 18 mois. Bienvenue dans ce nouveau monde des « Big Data » ! Traiter de grandes masses d’informations se fait de plus en plus vite, coûte de moins en moins cher, et permet de lancer des expérimentations et des tests grandeur nature. Chaque entreprise va pouvoir être son propre labo de R&D en analysant chaque transaction de chaque client. Des sites de e-commerce sont ainsi capables de faire varier en temps réel les prix de plusieurs milliers de produits en fonction des courbes instantanées de ventes. Les grandes marques suivent en permanence les réseaux sociaux pour y mesurer l’impact immédiat de campagnes marketing. C’est l’heure du « test and learn ».
6. Se brancher sur un monde durable : la performance durable d’une entreprise devient une métrique corporate suivie par les parties prenantes et les analystes. L’informatique joue un double rôle dans ce débat : c’est une industrie qui pollue de manière significative mais c’est aussi pour les autres secteurs un outil pour optimiser leur impact environnemental. Néanmoins le bilan est positif : pour McKinsey, l’utilisation des TIC (technologies de l’information et de la communication) dans les smart grids, dans les immeubles intelligents et dans la logistique et les transports provoque une diminution des émissions de carbone 5 fois supérieures à celles produites par l’industrie des TIC elle-même. Les smart buildings et les data center « verts » se multiplient, la virtualisation diminue le nombre de serveurs, la ventilation des salles informatiques se fait par air ou, quand c’est possible , par de l’eau renouvelable.
7. AaaS ou Anything as a Service : la mise à disposition d’un service remplace la livraison d’un produit, le modèle du paiement à l’usage se répand dans toutes les activités. Le cloud computing se généralise et l’internaute l’accepte pour toute application, de l’email à la vidéo. Le seul SaaS (Software as a Service) est un marché qui croit de 17% par an. Beaucoup d’entreprises transforment un de leur savoir-faire interne en service offert au public. Attention toutefois : l’innovation en services requiert un état d’esprit très différent de l’innovation en produits !
8. Business model multiface : l’interaction business se fait entre de multiples acteurs, à l’exemple du modèle publicitaire des médias. Ce modèle s’étend à d’autres secteurs : Spiceworks offre des logiciels d’entreprise gratuits à ses 950 000 abonnés et collecte de la pub auprès des entreprises qui veulent toucher des utilisateurs d’informatique. Take Sermo est une communauté de spécialistes santé bénévoles qui s’échangent des informations entre eux et l’accès à ces infos est payant pour les entreprises ou organisations qui veulent utiliser ce contenu. FlickR, Pandora (musique) et Skype utilisent le modèle « Freemium » ou un large groupe d’utilisateurs profitent d’un service « free » grâce à une minorité d’abonnés payants qui ont droit à un service « premium ». Et plus le nombre d’utilisateurs augmente, plus le service s’améliore pour tous. Des entreprises utilisent leurs données clients pour les vendre à d’autres secteurs : Mastercard vend à des annonceurs de la prévision de consommation à partir de ses données clients de carte de crédit. Chaque entreprise doit s’interroger aujourd’hui sur ce qu’elle peut générer comme nouveau business model en fournissant une partie gratuite de services.
9. Innovation bottom up : les modèles disruptifs ont du succès quand la technologie se combine avec des conditions extrêmes de marché, comme une demande de prix bas, d’infrastructure légère, des fournisseurs existants peu accessibles et l’accès économique à des compétences. Les pays émergents sont particulièrement friands de ces modèles. Exemple : Alibaba est une place de marché chinoise qui regroupe des capacités de production de multiples entreprises et les offre comme un service et qui compte aujourd’hui 30 millions de membres. Cette innovation qui vient du bas est un gros challenge pour les acteurs globaux traditionnels qui doivent développer leur écosystème.
10. Service public « on the grid » : tout service public a vocation à être facilement distribué et accessible grâce aux TIC. Exemple de l’urbanisation : 70% de la population vivra en ville en 2050. La technologie devra fournir des solutions en optimisant les transports, les réseaux de télécom, la distribution d’eau potable. La sécurité publique va s’appuyer sur la vidéo surveillance. Le cloud computing va aider l’enseignement à se développer, l’e-administration va se généraliser, la participation active des citoyens à la vie de la cité deviendra un paramètre fondamentale. Tout cela exige un changement de mentalité important de la part des managers des services publics.
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