..."Un état mental terrible et monstrueux attaqua les jeunes Milésiennes, dont la cause était inconnue. II est très probable que l’air eut acquis quelque qualité exaltante et empoisonnée qui influençait ce changement et cette aliénation de l'esprit; car un ardent et persistant désir de mourir en tentant de se pendre les frappa soudain, et nombreuses furent celles qui l'accomplirent en secret. Les arguments et les larmes de leurs parents et la persuasion de leurs amis n'arrivaient a rien; elles déjouaient toutes les manoeuvres zélées de leurs gardiens pour les empêcher de se tuer. Et cette calamité semblait être une extraordinaire malédiction divine, outrepassant la capacité humaine, jusqu'a ce que, sur le conseil d'un sage, le Sénat décrète que toutes les jeunes filles qui s’étaient pendues soient portées, nues, sur la place du marché. L'adoption de cette loi non seulement inhiba mais anéantit leur désir de se tuer. Remarquez quel grand argument de bonne nature et de vertu est cette crainte du déshonneur; car ceux qui ne craignent rien de ce qu'il y a de plus terrible dans le monde, mort ni douleur, ne peuvent supporter d'imaginer déshonneur et exposition à la honte, même après la mort."
Plutarque, Oeuvres morales, cité par Paul Watzlawick et Giorgio Nardone dans Stratégie de la thérapie brève (Seuil)
Plutarque, Oeuvres morales, cité par Paul Watzlawick et Giorgio Nardone dans Stratégie de la thérapie brève (Seuil)
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