Vous êtes quelques-uns, perdus sur la Toile, à vous intéresser à mon triste sort depuis quelques années (ce blog a été créé en 2004!). Je parle rarement de moi (j'écris et publie quelques livres par ailleurs pour satisfaire indirectement ce besoin).
Mais, cette fois, je ne peux m'empêcher de vous faire partager, avec retard, un petit bonheur et ceux qui me connaissent sauront pourquoi je le déguste avec gourmandise: il y a quelques mois, l'honorable Commission de la Carte d'Identité des Journalistes Professionnels, au nom très stalinien, m'a fait l'honneur de m'accorder, à ma demande, la carte de presse de journaliste "honoraire", c'est-à-dire à vie ! Ce joli titre récompense les sexa qui peuvent justifier de 30 ans de journalisme, ce qui est mon cas.
C'est un petit bout de plastique, avec un ruban tricolore quand même, qui me donne juste le droit de ne pas faire la queue dans les musées nationaux et un décompte de 7 500 euros sur les revenus annuels que je déclare au fisc.
Mais je suis heureux de l'avoir, on est bête, hein!
Donc, je peux vous dire aujourd'hui deux choses avérées: 1/ je mourrai journaliste ; 2/ je n'ai jamais été aussi prêt de la mort. (le 2 c'est pour rire mais c'est vrai quand même, à tout moment, c'est ça qui est bien mais c'est drôle il y en a qui ne comprennent pas).
Que ceux qui me trouvent ridicule me pardonnent et que ceux qui me comprennent me sourient. Ce sera tout mon bonheur.
Alors, pour répondre au titre de l'article, pourquoi je suis fier...
Parce que, malgré tout le mal que je pense des journalistes, de leurs écoles et de leurs médias, le journalisme reste le plus beau métier du monde et, avec la prostitution et l'usure, un des plus anciens. Oui, je sais, les mauvaises langues feront des rapprochements...
Et je suis fier parce que, tout simplement, j'adore ce métier, il a fait de moi un homme libre et autonome et çà c'est le plus beau cadeau qu'on puisse faire à sa vie. Bien sûr, il est plein de dangers et surtout de facilités mais partout dans le monde il y a des journalistes qui meurent pour leur métier et pour la liberté, donc, là, on ne rigole plus !
Je pense sincèrement que dans notre monde complexe, global et technologique, ce sentiment de liberté et la capacité à l'exercer est un moteur puissant contre toutes les tentations et pour la richesse des relations humaines. Bon, je m'arrête là sinon vous allez pleurer...
PS: pour ceux qui ne le savent pas, le fait d'être journaliste honoraire me dispense de justifier chaque année, comme je l'ai toujours fait, que l'essentiel de mes revenus provient de mes activités de journaliste. C'est donc un puissant levier supplémentaire de liberté. Je fais, je dis, j'écris, je filme, ce que je veux et je n'ai plus rien à prouver à personne.
Il faut dire que depuis que je suis journaliste indépendant, j'ai compris qu'il me faudrait avoir un rapport à l'argent différent... Je me souviens de ma fierté il y a quelques années d'avoir signé un contrat de production d'interviews webtv avec le Journal du Net; c'est moi qui prend les RV, qui filme, qui monte et qui livre le film; j'étais payé au nombre de clics, why not, soyons modernes. Je publie 4 super interviews, Attali, le dg d'Intel, le pdg d'IBM (allez les voir, ils doivent être encore là, ils font peut-être encore des clics) et quand, quelques mois après, je leur demande fièrement : combien j'ai gagné, par ici la monnaie...? Ils me disent, je vous jure que c'est vrai, dites un chiffre... : 50 euros...
Mon seul regret, fort, important, prégnant et peut-être pas définitif, est de ne pas avoir eu le courage, l'audace, la naïveté, l'inconscience de tenter une aventure de presse sur le web avec les principes de journalisme et de management qui m'animent. J'aurais sûrement retrouvé l'excitation, la joie et la fierté que j'ai ressenties à certains moments de ma carrière, par exemple quand j'ai créé Micro-Hebdo... Mais, sait-on jamais?...
Enfin, pour la petite histoire, je me consolais depuis longtemps avec une maxime de Diderot que j'appliquais à la maturité: "On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés". Jusqu'au jour où un ami, un peu plus fin lettré que moi, me fit remarquer que cette phrase venait du Neveu de Rameau, quand le vieux fou parle de libertinage à son jeune ami: "... on tire parti de la mauvaise compagnie comme du libertinage. On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés." Depuis, j'apprends l'humilité. Mais j'ai du mal...
Mais, cette fois, je ne peux m'empêcher de vous faire partager, avec retard, un petit bonheur et ceux qui me connaissent sauront pourquoi je le déguste avec gourmandise: il y a quelques mois, l'honorable Commission de la Carte d'Identité des Journalistes Professionnels, au nom très stalinien, m'a fait l'honneur de m'accorder, à ma demande, la carte de presse de journaliste "honoraire", c'est-à-dire à vie ! Ce joli titre récompense les sexa qui peuvent justifier de 30 ans de journalisme, ce qui est mon cas.
C'est un petit bout de plastique, avec un ruban tricolore quand même, qui me donne juste le droit de ne pas faire la queue dans les musées nationaux et un décompte de 7 500 euros sur les revenus annuels que je déclare au fisc.
Mais je suis heureux de l'avoir, on est bête, hein!
Donc, je peux vous dire aujourd'hui deux choses avérées: 1/ je mourrai journaliste ; 2/ je n'ai jamais été aussi prêt de la mort. (le 2 c'est pour rire mais c'est vrai quand même, à tout moment, c'est ça qui est bien mais c'est drôle il y en a qui ne comprennent pas).
Que ceux qui me trouvent ridicule me pardonnent et que ceux qui me comprennent me sourient. Ce sera tout mon bonheur.
Alors, pour répondre au titre de l'article, pourquoi je suis fier...
Parce que, malgré tout le mal que je pense des journalistes, de leurs écoles et de leurs médias, le journalisme reste le plus beau métier du monde et, avec la prostitution et l'usure, un des plus anciens. Oui, je sais, les mauvaises langues feront des rapprochements...
Et je suis fier parce que, tout simplement, j'adore ce métier, il a fait de moi un homme libre et autonome et çà c'est le plus beau cadeau qu'on puisse faire à sa vie. Bien sûr, il est plein de dangers et surtout de facilités mais partout dans le monde il y a des journalistes qui meurent pour leur métier et pour la liberté, donc, là, on ne rigole plus !
Je pense sincèrement que dans notre monde complexe, global et technologique, ce sentiment de liberté et la capacité à l'exercer est un moteur puissant contre toutes les tentations et pour la richesse des relations humaines. Bon, je m'arrête là sinon vous allez pleurer...
PS: pour ceux qui ne le savent pas, le fait d'être journaliste honoraire me dispense de justifier chaque année, comme je l'ai toujours fait, que l'essentiel de mes revenus provient de mes activités de journaliste. C'est donc un puissant levier supplémentaire de liberté. Je fais, je dis, j'écris, je filme, ce que je veux et je n'ai plus rien à prouver à personne.
Il faut dire que depuis que je suis journaliste indépendant, j'ai compris qu'il me faudrait avoir un rapport à l'argent différent... Je me souviens de ma fierté il y a quelques années d'avoir signé un contrat de production d'interviews webtv avec le Journal du Net; c'est moi qui prend les RV, qui filme, qui monte et qui livre le film; j'étais payé au nombre de clics, why not, soyons modernes. Je publie 4 super interviews, Attali, le dg d'Intel, le pdg d'IBM (allez les voir, ils doivent être encore là, ils font peut-être encore des clics) et quand, quelques mois après, je leur demande fièrement : combien j'ai gagné, par ici la monnaie...? Ils me disent, je vous jure que c'est vrai, dites un chiffre... : 50 euros...
Mon seul regret, fort, important, prégnant et peut-être pas définitif, est de ne pas avoir eu le courage, l'audace, la naïveté, l'inconscience de tenter une aventure de presse sur le web avec les principes de journalisme et de management qui m'animent. J'aurais sûrement retrouvé l'excitation, la joie et la fierté que j'ai ressenties à certains moments de ma carrière, par exemple quand j'ai créé Micro-Hebdo... Mais, sait-on jamais?...
Enfin, pour la petite histoire, je me consolais depuis longtemps avec une maxime de Diderot que j'appliquais à la maturité: "On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés". Jusqu'au jour où un ami, un peu plus fin lettré que moi, me fit remarquer que cette phrase venait du Neveu de Rameau, quand le vieux fou parle de libertinage à son jeune ami: "... on tire parti de la mauvaise compagnie comme du libertinage. On est dédommagé de la perte de son innocence par celle de ses préjugés." Depuis, j'apprends l'humilité. Mais j'ai du mal...
Aussi loin que puisse remonter ma pauvre mémoire de sexagénaire honoraire, j'ai en tête avoir observé depuis le début des années quatre-vingt à l’œuvre un journaliste nommé Luc Fayard que moi, qui étais de l'autre côté de la barrière (responsable communication en entreprise puis agence de relations presse), je considérais comme un solide professionnel, l'un des tout premiers dans la catégorie presse informatique, celle que je fréquentais le plus. Je peux parler comme cela, parce que moi aussi je suis libre, je n'ai rien à demander, rien à attendre d'une flatterie supposée, rien à cirer; Je suis honoraire (j'en facture d'ailleurs de temps à autres). Je profite de ces lignes pour saluer mes ex contacts Presse qui vont passer par ici. Qu'ils soient rassurés, Luc était un très bon, mais il est possible d'avoir un grand nombre de très bons dans une catégorie. Prenons un exemple inverse : dans la catégorie Politique, il n'y a pas qu'un seul très mauvais, ils sont une multitude.
RépondreSupprimerBonjour Luc. Un peu plus tard que toi (ça date d'aujourd'hui même) j'ai également eu le plaisir de recevoir LA Carte... de journaliste "honoraire", après un peu plus de 3 décennies de bon et loyaux (?) services dans la presse informatique puis économique. Je partage l'ensemble de tes réflexions, ainsi que le commentaire d'Hervé à qui j'adresse mon meilleur souvenir à l'un des professionnels les plus talentueux de la communication et des relation presse. Amitiés à tous les deux.
RépondreSupprimerC'est vrai que je n'ai pas remercié Hervé de ces bons mots alors j'en profite, france à toi Régis. je me bats un peu partout sur le web pour l'honneur des journalistes mais ce n'est pas une cause facile... Bienvenue au club en tout cas Régis ! Et si tu vas à Londres, fais comme moi, va à la Tate, les expos sont gratuites pour un journaliste français. Incroyable mais vrai !
RépondreSupprimerbon j'ai écrit "france à toi "à la place de "grâce à toi"....
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