Extraits traduits et résumés par moi d’une étude McKinsey The Internet of Things: Sizing up the opportunity. December 2014 | by Harald Bauer,
Mark Patel, and Jan Veira
L’internet des objets est à l’évidence une opportunité pour
toute l’industrie des semi-conducteurs et des composants. Ce sont d’abord les
smartphones et les tablettes qui ont relancé cette industrie en lui donnant une
croissance de 5% par an entre 2010 et 2013. L’internet des objets va-t-il
prendre le relais ?
Le départ de l’internet des objets a peut-être été les
capteurs déployés dans le réseau électrique pour mieux gérer à distance la
consommation et ajuster la production. Mais aujourd’hui les applications se
multiplient dans tous les secteurs d’activités : un capteur embarqué dans
une voiture permet à l’assureur de moduler sa prime en fonction du comportement
du conducteur ; la santé à distance se développe grâce à des capteurs
installés au domicile des patients, etc.
Même si le niveau technologique des capteurs
est très variable suivant l’application, l’industrie des
semi-conducteurs pense que l’internet des objets sera sa plus importante source
de croissance avec un marché estimé à 6,2 milliards de dollars en 2025. On parle d’un marché mondial de 20 milliards ou 30 milliards d’unités à cette époque (soit 3 milliards d'unités par an).
Pourtant, en même temps, les entreprises utilisatrices ne savent pas très bien quoi faire avec tous ces capteurs !
Pour voir évoluer ce marché, il faut suivre 4 indicateurs critiques:
- l’attention portée par les grands fournisseurs :
quand vous voyez Apple (développement de kits de santé et domotiques) et
Google (rachat de Nest) s’intéresser à ce marché, c’est un signe.
- les avancées technologiques : le rapport fonctions-prix
des objets connectés augmente très vite ; exemple : une montre
connectée en 2012 avait un processeur à 400 MHz et un accéléromètre à 3 axes ; aujourd’hui elle a un processeur à 1 GHz double-cœur et un
accéléromètre et un gyroscope à 6 axes;
- la croissance de la demande : si la demande des objets
connectés suit celle des smartphones (170 millions d’unités vendues en 2010
contre un milliard en 2014), le marché va exploser.
- les normes émergentes : les fournisseurs font des efforts
pur faire émerger des normes ; AT&T, Cisco, GE, IBM et Intel ont
formé l’Industrial Internet Consortium pour faire interopérer les
environnements industriels ; d’autres consortiums se focalisent sur les
API.
Sur chacun des 3 milliards de nouveaux appareils par an, en
effet, il y aura au minimum un microcontrôleur pour l’intelligence et le
traitement, un ou plusieurs capteurs pour la collecte des données, un ou
plusieurs puces pour la transmission et un composant de mémoire pour le
stockage. On verra apparaître de nouveaux composants spécialement conçus pour
les objets connectés, intégrant soit des capteurs soit des senseurs à
technologie MEMS (micro-electro-mechanical-system). Sans oublier le marché du
traitement du Big Data généré par tous ces appareils.
Pour supporter cette croissance, il faudra que les
fabricants fassent des efforts sur l’autonomie et la batterie, également sur
l’administration de la connectivité qui va monter en puissance puisqu’il faudra
gérer des milliers d’objets connectés en même temps. Une maison intelligente,
par exemple, c’est 100 appareils connectés, chacun avec des exigences de faible
puissance. Il n’est pas certain que les normes actuelles de transmission
Bluetooth ou Wifi puissent répondre à ces exigences. Les exigences de sécurité
vont également peser car il n'est pas question de développer des applications
industrielles ou médicales si la sécurité anti-piratage notamment n’est pas
assurée.
Les efforts des acteurs de semi-conducteurs se
portent déjà dans deux directions :
1/ l’intégration accrue : la tendance à l’empilement
multidimensionnel rend les nouvelles puces plus petites de 30% par rapport
aux générations précédentes, avec une consommation électrique 50% plus faible.
2/ les normes de connectivité : le cellulaire, Bluetooth,
Wifi ou encore ZigBee seront des normes suffisantes pour de nombreuses applications
d’objets connectés. Mais il y a aussi un besoin pour des applications nécessitant à la fois de la faible puissance, du faible débit et sur une distance
supérieure à 20 m, pour lesquelles le wifi ou Bluetooth sont mal adaptés. On
verra donc apparaître probablement un nouveau type de protocole.
Mais finalement le plus grand défi de l’internet des objets
est que la marché des objets lui-même ne représente que 10% du
marché total , le reste étant bien sûr généré par les applications et les
usages. Que serait le marché des smartphones sans les Apps ? Pour tous les
acteurs de l’internet des objets, il faut donc participer à la création d’un
nouvel écosystème en nouant de nombreux partenariats permettant de parcourir
toute la chaine de valeur.
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