J'ai été bien silencieux sur ce blog ces derniers temps mais, à vrai dire, ce blog est plus un journal de notes et d'archives qu'un espace de commentaires. Pour l'interactivité, on peut se rencontrer sur Facebook. Ici, c'est plutôt moi qui parle et vous pouvez bien entendu intervenir mais je ne vous sollicite pas du tout.
Donc ces quelques mois ont été bien remplis, par une Transat en voilier d'abord, où tout s'est bien passé, sur un sloop formidable, ancien bateau de course super bien entretenu, Golok. Merci à Jean et Justine, à Lucie et Olivier pour cette belle ballade.
Voici un petit résumé de mes impressions sur cette Transat ARC, Las Palmas de Gran Canaria - Saint Lucia, du 19 novembre 2017 au 13 décembre 2017
Faire du bateau (à voile) pendant 24 jours, c'est comme l'éternité, c'est long, surtout vers la fin. Au bout d'un moment, une quinzaine de jours, on a le sentiment d'avoir fait le tour de l'équipage et des possibilités du bateau. Et les marins, même s'ils sont très sympas, comme c'était le cas, ce sont quand même d'abord et avant tout des marins, focalisés sur leur sujet. Peut-être, si la météo avait été plus forte et plus changeante, obligeant à davantage de stratégies de routes et de réglages de voile, aurai-je moins ressenti cette longueur.
Faire de la voile au grand large, ce n'est pas très différent de faire de la voile en côtier, il faut juste être plus précis, plus prudent, essayer de ne pas trop fatiguer le bateau et anticiper davantage si jamais la météo est changeante. Quand on fait des parcours côtiers, et qu'on tire des bords au portant, on se demande si on va empanner tout de suite ou dans 30 mn; au large, la réponse à "quand empanne-t-on?" est plutôt: "demain ou après-demain". Ca donne une autre dimension du temps et de l'espace.
On s'habitue assez vite à cette vie rythmée par les quarts de nuit et par des passations plus informelles de barre et de veille le jour. A condition de bien dormir, ce qui a été mon cas, sauf par forte houle courte où, à cause de mon poids, je suis davantage baladé d'un côté de la bannette à l'autre et j'ai plus de mal à me coincer. Dans ce cas-là, on ne dort pas du tout !...
Je n'ai pas eu du tout le mal de mer et me suis senti à l'aise à peu près tout le temps à l'intérieur, même les jours de gros temps ou de forte houle. Je suis content de voir que je peux m'installer sans problème dans le carré pour lire ou écrire ou pour faire la cuisine. Je n'ai pas eu peur ni été angoissé: je croisais seulement les doigts pour qu'on n'ait pas un type d'ennuis mécaniques ou d'équipement qui nous aurait longuement retardé et aurait probablement plombé le moral. Or cette probabilité d'ennuis lourds n'est pas mince: 10% des bateaux de l'ARC ont connu des ennuis plus ou moins graves, les obligeant à arrêter ou à faire escale plus longtemps que prévu. Il suffit de ne pas voir qu'un hauban est en train de se détoronner pour qu'un beau jour le mât vous tombe dessus sans crier gare. Tous les soirs, Jean et Justine faisaient un tour de vérification du bateau...
La seule question qui me taraudait et à laquelle j'espère ne jamais avoir de réponse: comment réagirai-je si je me retrouvais dans un canot de survie en plein océan?... Théoriquement, si on a pu quitter le bateau en bon ordre, on a lancé avant de partir un SOS sur l'iridium et sur la VHF qui vous positionne automatiquement et on emporte sur le canot un iridium portable et une VHF portable, plus un sac de survie prêt à l'emploi (bouffe, eau et fusées). Après il faut attendre quelques heures qu'on vienne vous secourir. Peut-être 24 heures au max... Tout dépend évidemment de l'état de la mer et du vent.
Cette transat m'a donné confiance en moi en tant que marin et skipper, je me sens prêt à skipper n'importe quelle croisière familiale ou amicale désormais et je pense pouvoir m'inspirer du calme de Jean, parce qu'il est précédé d'une bonne préparation et d'une bonne anticipation que je ferai miennes désormais. Savoir ce qui risque de se passer et ce qu'on devra faire (exemple: prise de ris) permet d'éviter les énervements et les angoisses. J'ai appris pas mal de petits trucs sur les réglages de voiles, qui me serviront je pense. Et aussi pas mal de choses sur la façon de récupérer les fichiers météo, de les analyser et d'en déduire une prévision de route (aidé par le logiciel qui calcule le routage en fonction du fichier météo et des paramètres que tu lui donnes, par exemple, je mets le moteur dès que je suis en dessous de 3 nœuds à la voile).
Hélas, je n'ai pas connu d'extase métaphysique parce que j'avais peu de temps à moi et que j'avais décidé de consacrer à l'écriture (poèmes et journal de bord) ce peu de temps perso que je pouvais avoir. Si j'avais pu faire des quarts seuls, j'aurai peut-être pu méditer un peu mieux sur l'éternel et l'infini mais j'ai fait tous mes quarts avec Olivier fronçant les sourcils sur la barre.
Une transat en équipage, c'est essentiellement une expérience de bonne organisation (des quarts, des réglages du bateau en général et des voiles en particulier, de la bouffe, etc.) et de relations humaines. Dans les deux cas, pas trop de problèmes.
Coté organisation, on a bien géré l'eau en bouteilles, l'eau de cale, le fuel, la bouffe, le frais. La préparation des menus types par Lucie est une très bonne idée qu'on a pas mal suivi.
Les deux seuls défauts majeurs de cette transat au niveau organisation: pas de bimini (on devait être le seul bateau sans bimini, c'est assez invraisemblable) et donc on a vraiment souffert du soleil; et pas de pilote automatique, par décision unilatérale de Jean, non négociable malgré mes nombreuses demandes. Il avait peur que le jeu constaté sur le pilote finisse par abimer le safran. Là aussi on doit être le seul bateau de l'ARC a avoir fait une transat sans pilote, et là aussi c'est assez invraisemblable. Je me demande si ce n'est pas à la limite de la perversité ! :) Cela m'a pas mal gâché mon plaisir de naviguer.
Est-ce que j'ai envie de le refaire? Pas vraiment, ou alors dans un environnement où je serai un peu plus décideur que je ne l'ai été sur Golok et surtout sur un voilier avec un pilote automatique qui marche !...
Donc ces quelques mois ont été bien remplis, par une Transat en voilier d'abord, où tout s'est bien passé, sur un sloop formidable, ancien bateau de course super bien entretenu, Golok. Merci à Jean et Justine, à Lucie et Olivier pour cette belle ballade.
Voici un petit résumé de mes impressions sur cette Transat ARC, Las Palmas de Gran Canaria - Saint Lucia, du 19 novembre 2017 au 13 décembre 2017
Faire du bateau (à voile) pendant 24 jours, c'est comme l'éternité, c'est long, surtout vers la fin. Au bout d'un moment, une quinzaine de jours, on a le sentiment d'avoir fait le tour de l'équipage et des possibilités du bateau. Et les marins, même s'ils sont très sympas, comme c'était le cas, ce sont quand même d'abord et avant tout des marins, focalisés sur leur sujet. Peut-être, si la météo avait été plus forte et plus changeante, obligeant à davantage de stratégies de routes et de réglages de voile, aurai-je moins ressenti cette longueur.
Faire de la voile au grand large, ce n'est pas très différent de faire de la voile en côtier, il faut juste être plus précis, plus prudent, essayer de ne pas trop fatiguer le bateau et anticiper davantage si jamais la météo est changeante. Quand on fait des parcours côtiers, et qu'on tire des bords au portant, on se demande si on va empanner tout de suite ou dans 30 mn; au large, la réponse à "quand empanne-t-on?" est plutôt: "demain ou après-demain". Ca donne une autre dimension du temps et de l'espace.
On s'habitue assez vite à cette vie rythmée par les quarts de nuit et par des passations plus informelles de barre et de veille le jour. A condition de bien dormir, ce qui a été mon cas, sauf par forte houle courte où, à cause de mon poids, je suis davantage baladé d'un côté de la bannette à l'autre et j'ai plus de mal à me coincer. Dans ce cas-là, on ne dort pas du tout !...
Je n'ai pas eu du tout le mal de mer et me suis senti à l'aise à peu près tout le temps à l'intérieur, même les jours de gros temps ou de forte houle. Je suis content de voir que je peux m'installer sans problème dans le carré pour lire ou écrire ou pour faire la cuisine. Je n'ai pas eu peur ni été angoissé: je croisais seulement les doigts pour qu'on n'ait pas un type d'ennuis mécaniques ou d'équipement qui nous aurait longuement retardé et aurait probablement plombé le moral. Or cette probabilité d'ennuis lourds n'est pas mince: 10% des bateaux de l'ARC ont connu des ennuis plus ou moins graves, les obligeant à arrêter ou à faire escale plus longtemps que prévu. Il suffit de ne pas voir qu'un hauban est en train de se détoronner pour qu'un beau jour le mât vous tombe dessus sans crier gare. Tous les soirs, Jean et Justine faisaient un tour de vérification du bateau...
La seule question qui me taraudait et à laquelle j'espère ne jamais avoir de réponse: comment réagirai-je si je me retrouvais dans un canot de survie en plein océan?... Théoriquement, si on a pu quitter le bateau en bon ordre, on a lancé avant de partir un SOS sur l'iridium et sur la VHF qui vous positionne automatiquement et on emporte sur le canot un iridium portable et une VHF portable, plus un sac de survie prêt à l'emploi (bouffe, eau et fusées). Après il faut attendre quelques heures qu'on vienne vous secourir. Peut-être 24 heures au max... Tout dépend évidemment de l'état de la mer et du vent.
Cette transat m'a donné confiance en moi en tant que marin et skipper, je me sens prêt à skipper n'importe quelle croisière familiale ou amicale désormais et je pense pouvoir m'inspirer du calme de Jean, parce qu'il est précédé d'une bonne préparation et d'une bonne anticipation que je ferai miennes désormais. Savoir ce qui risque de se passer et ce qu'on devra faire (exemple: prise de ris) permet d'éviter les énervements et les angoisses. J'ai appris pas mal de petits trucs sur les réglages de voiles, qui me serviront je pense. Et aussi pas mal de choses sur la façon de récupérer les fichiers météo, de les analyser et d'en déduire une prévision de route (aidé par le logiciel qui calcule le routage en fonction du fichier météo et des paramètres que tu lui donnes, par exemple, je mets le moteur dès que je suis en dessous de 3 nœuds à la voile).
Hélas, je n'ai pas connu d'extase métaphysique parce que j'avais peu de temps à moi et que j'avais décidé de consacrer à l'écriture (poèmes et journal de bord) ce peu de temps perso que je pouvais avoir. Si j'avais pu faire des quarts seuls, j'aurai peut-être pu méditer un peu mieux sur l'éternel et l'infini mais j'ai fait tous mes quarts avec Olivier fronçant les sourcils sur la barre.
Une transat en équipage, c'est essentiellement une expérience de bonne organisation (des quarts, des réglages du bateau en général et des voiles en particulier, de la bouffe, etc.) et de relations humaines. Dans les deux cas, pas trop de problèmes.
Coté organisation, on a bien géré l'eau en bouteilles, l'eau de cale, le fuel, la bouffe, le frais. La préparation des menus types par Lucie est une très bonne idée qu'on a pas mal suivi.
Les deux seuls défauts majeurs de cette transat au niveau organisation: pas de bimini (on devait être le seul bateau sans bimini, c'est assez invraisemblable) et donc on a vraiment souffert du soleil; et pas de pilote automatique, par décision unilatérale de Jean, non négociable malgré mes nombreuses demandes. Il avait peur que le jeu constaté sur le pilote finisse par abimer le safran. Là aussi on doit être le seul bateau de l'ARC a avoir fait une transat sans pilote, et là aussi c'est assez invraisemblable. Je me demande si ce n'est pas à la limite de la perversité ! :) Cela m'a pas mal gâché mon plaisir de naviguer.
Est-ce que j'ai envie de le refaire? Pas vraiment, ou alors dans un environnement où je serai un peu plus décideur que je ne l'ai été sur Golok et surtout sur un voilier avec un pilote automatique qui marche !...
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